Poudlard tremblait.
Ernie Macmillan avait suivi la résistance sans broncher. L’évidence, la logique et la loyauté pour le bien le portaient.
Au sommet de la Tour d’Astronomie, le Poufsouffle attendait que les sortilèges pleuvent. Le silence complétait parfaitement l’ambiance lourde et pesante. Une harmonie glauque et mortelle, quoi de plus logique pour une guerre à son apogée ?
Tels des animaux attendant un cyclone, plus personne ne disait un mot.
Les doigts serrés sur sa baguette, les images des derniers mois défilaient dans l’esprit d’Ernie.
Dans l’écrin confortable de la Salle Commune desjaunes et noirs, devenue l’unique refuge sécurisant pour lui, Ernie avait écouté Potterveille avec l’intégralité de ses camarades. Ils avaient attendu le moment où Potter reviendrait tel le messie.
Avec Susan, ils en avaient beaucoup parlé.
- Est-ce que tu seras là toi ? Lors du Grand Jour…, avait-elle demandé d’un air grave un soir d’hiver.
Ernie ne l’avait jamais trouvé aussi belle ce soir-là. Son air sérieux l’avait transpercé en plein cœur.
D’un coup, elle n’était plus la fillette qu’il avait rencontré dans le Poudlard Express. Elle était une femme, une sorcière prête à se battre pour ce qui était juste.
Ernie avait longtemps espéré que Harry Potter s’en sortirait seul.
Puis il avait compris que Harry avait aussi dix-sept ans et qu’il avait sûrement autant la trouille que tous les autres.
Alors lui aussi, simple Poufsouffle, il devait être là.
Ce fût presque simple de jouer les héros. A côté de Susan, tout était simple.
Le ciel s’éclaira et Ernie se demanda bêtement si le jour se levait.
Il n’eût pas le temps de rigoler de sa stupidité que la pluie de sortilèges tomba sur le dôme de protection de Poudlard.
Son cœur s’emballa aussitôt, tambourinant dans ses tempes furieusement comme pour lui dire de fuir immédiatement. Ernie ignora sa crainte et leva sa baguette, prêt à en découdre.
Il coula un regard à sa droite. Susan était concentrée, une ride d’inquiétude barrant son front.
Sentant qu’il la regardait, elle tourna son regard vers lui et lui adressa un sourire qui eût le don d’accélérer le souffle d’Ernie.
Oui, il serait un héros.
Juste pour un jour.