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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Marylene par PititeCitrouille

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Imprimante
Table des matières

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Note d'auteur :

Amie lectrice, ami lecteur,

Ce texte a été rédigé dans le cadre des prompts lancés par l'équipe de la modération de HPF Fanfiction à l'occasion du Trans HPF Month 2023.

Il répond au prompt n°3 : Roomates-to-lovers.

 

Note de chapitre:

CW - Mentions de discrimination (contexte de la première guerre des sorciers)

TW - Mention de harcèlement scolaire. Rien de décrit précisément.

CW - Mention du mythe "du verre dans les pointes de la ballerine" (qui n'est pas si mythique que cela à en croire certains témoignages, heureusement plutôt anciens). Rien de plus que cette information.

 

Marlene souriait souvent en songeant à ses amies. Elles étaient toutes les trois si différentes, qu'il lui semblait que sans cette cérémonie de répartition puis la distribution des chambres entre les sept nouvelles Gryffondor, jamais elle n'aurait songé à discuter avec Mary et Lily.

Elle ne se souvenait déjà plus de la rousse, malgré sa couleur de cheveux rare, lorsque le tour de Mary était arrivé. Elle avait seulement songé, en voyant marcher cette dernière vers le Choixpeau, que la fille avait un cou extraordinairement long et qu'elle se tenait bien droite, tout en restant gracieuse. Quelques instants plus tard, sous les acclamations des Gryffondor, elle était devenue rouge comme une tomate. "La pauvre" avait seulement pensé Marlene.

Celle-ci, envoyée immédiatement après dans la même Maison par un Choixpeau qui n'avait pas beaucoup hésité, s'était naturellement dirigée vers le banc où se trouvaient les nouveaux habitants de la tour du Sieur Godric. Elle s'était retrouvée assise entre un garçon et une fille dont elle ne se souvenait plus le nom non plus. La blondinette qui l'avait précédée se trouvait à deux places, et souriait timidement à ce garçon, encore plus à droite le long de la table, qui avait fait siffler toute la table des Serpentards - ah oui, Black, son patronyme était déjà plus facile à retenir.

Une rousse était en face et discutait avec un autre camarade, qui se tenait tout replié sur lui-même, comme une feuille en train de mourir. Il était plus juste, finalement, de dire qu'elle faisait un monologue. Elle se demandait substantiellement si on avait le droit d'aller discuter avec les élèves des autre Maisons, elle ne comprenait pas pourquoi les Serpentards avaient sifflé certaines personnes. Un sourire poli accueillit son discours plein de chaleur, qui rencontra, autrement, le vide.

Lorsque le repas commença, et qu'à sa grande surprise, Marlene découvrit que les sorciers avaient aussi des spécialités culinaires, elle trouva un terrain d'entente avec elle propre à amener la conversation. Marlene était la fille des tenanciers d'un pub-restaurant et considérait que ses parents cuisinaient très bien. Or, il se trouve que c'était le cas aussi des cuisiniers de Poudlard - qu'elle ne savait pas être des Elfes de maison - et elle fit ses compliments à voix haute. La rousse trouvait également le repas excellent et ne se privait pas de le faire savoir. C'est ainsi que les deux collégiennes sympathisèrent d'abord.

En sortant de la salle commune, elles se souvenaient de leurs prénoms respectifs. Lily insista encore pour savoir si l'on pouvait rejoindre des élèves d'autres Maisons, mais on l'en dissuada au prétexte qu'elle aurait le temps le lendemain. Lily commenta donc la situation à Marlene ; elle avait un ami à Serpentard. Ni Marlene ni elle n'avaient encore compris ce qui se tramait idéologiquement chez les sorciers. C'est donc l'esprit léger qu'elles déclarèrent que c'était dommage, voire insensé.

Dans l'escalier, la petite blonde gracieuse trébucha sur une marche, juste devant les deux fillettes. Lily se baissa naturellement pour l'aider à se rattraper. La blonde rougit jusqu'à la racine de ses cheveux, puis balbutia qu'elle faisait attention à comment monter les marches, puis bégaya quelque chose d'encore moins clair. Marlene ne fut pas sûre d'y voir autre chose que de la confusion et de la timidité. "La pauvre" pensa-t-elle encore une fois.

Un peu plus tard, dans la salle commune, les chambres furent réparties. Concernant les petites, il y en avait sept en première année, les chambres ayant une capacité maximale de cinq personnes. Des grands les aidèrent, ou plutôt firent, sur la base des relations toutes frêles qui s'étaient tissées, le choix à leur place. Ces grands se présentaient comme des préfets, ce que Marlene assimila à des pions parce qu'à la fin de cette longue journée, elle n'avait pas envie de davantage se poser de questions sur le fonctionnement du monde sorcier.

Et comme elle avait discuté avec Lily en passant la porte de la salle commune, et que cette dernière avait demandé d'un air avenant à la blonde tombée dans l'escalier si elle voulait venir avec elles, les préfets les mirent toutes les trois ensemble.

La fille blonde s'appelait Mary.

Marlene, à vrai dire, n'avait pas entendu sa réponse, même en lui répétant deux fois sa question. Elle le lut sur la plaque cloutée à la porte. Ça, c'était une autre magie rigolote, après celle qui faisait monter les plats sur la table. Les trois filles discutèrent encore avant de se coucher, c'est-à-dire que Lily et elle avaient une foule de choses à se dire, tandis que Mary restait bien plus réservée. Marlene remarqua toutefois que Mary avait une fâcheuse tendance à s'empêtrer sur les coins de son lit ou ses propres vêtements, mue par une timidité ravageuse. "La pauvre" pensa Marlene une troisième fois, car Marlene avait bon cœur.

Il fallut quelques semaines pour que Mary s'intègre dans le groupe. D'abord, Mary était extrêmement réservée, à tel point qu'elle opposait une sorte de résistance inconsciente aux tentatives de conversation de Lily et Marlene. Ensuite, elle disparaissait lors de la plupart des cours, ce qui faisait qu'on la croisait seulement la moitié du jour au sein du groupe d'élèves de première année de Gryffondor. Enfin, on la voyait aussi très peu en salle d'études. C'était plutôt normal, puisqu'elle avait moins de devoirs.

Alors, les choses restèrent un temps figé. Marlene et Lily avaient fini par voir quelque chose d'autre dans la tenue de Mary, ses belles affaires soigneusement entretenues, son élégance. Elles comprirent vite que les parents de Mary devaient être riches, et cela, pendant quelques semaines, gela les rapports cordiaux entre elles trois. Ce n'était pas un tort, évidemment, mais Marlene et Lily appartenaient aux classes laborieuses - et même ouvrière concernant la fillette rousse. Sans le vouloir consciemment, ceci instilla une certaine méfiance, adossée à la pensée inverse : et si Mary les évitait car elle les trouvait incultes et vulgaires ?

Heureusement, la politique sociale anglaise moldue n'interféra pas davantage la constitution du groupe. Ce fut la coiffure quotidienne de Mary qui tempéra Marlene en premier ; Lily n'avait pas les moyens culturels de le savoir, mais c'était un chignon de ballerine ! Mary se présentait tous les soirs en étude en tenue moldue cintrée, confortable, affublée de son chignon, et les chevilles laissant deviner un collant d'une abominable couleur rose.

Lily trouvait que ça ne se faisait pas d'espionner les gens, même si elle était très curieuse, et puis elle profitait de ces instants pour babiller avec Severus sur les cours. Marlene adorait Lily, mais au fil du temps, trouvait aussi les points qu'elle n'avait pas en commun avec elle : l'amour déraisonné des études de Lily en faisait partie. En général, quand Marlene avait fini - le plus vite possible - ses devoirs, elle retournait au dortoir travailler ses gammes de guitare et d'harmonica jusqu'au repas.

Un jour, elle décida du temps libre accordé par l'investissement de Lily et Severus dans la lecture passionnée du livre de deuxième, ou déjà troisième, année de botanique pour suivre Mary. Cette dernière se rendit dans une salle de classe quelconque - la plupart étaient délaissées le soir, sauf pour des étudiants qui travaillaient sur des projets en groupe. Marlene attendit quelques secondes, qui lui parurent cinq minutes, avant d'oser entrouvrir silencieusement la porte. Par le fin rai de lumière en provenance de la salle, elle put donc constater que Mary dansait.

Elle avait sa main gauche posée sur une table, et son bras libre faisait des mouvements gracieux. Ses pieds étaient ouverts vers les côtés et dès que l'un d'eux décollait du seul, elle tendait ses orteils et ça allongeait sa silhouette. Marlene ne connaissait rien à la danse, mais elle eut la sensation presque douloureuse que c'était beau et difficile. Elle referma la porte encore plus doucement, si c'était possible, et monta dans son dortoir en gambadant.

De cette escapade, elle décida, instinctivement, de n'en rien dire à Lily. Elle n'arrivait pas tellement à discerner pourquoi, mais elle envie de garder le souvenir de cette beauté pour elle.

Un autre soir de la même semaine, elle se trouva à un moment seule avec Mary. Elle alla vers elle l'air de rien, puis lui dit :

"Hey, tu sais, tu aurais bien plus de place dans le dortoir pour danser, que dans une salle de classe. Et puis ici, tu n'auras personne pour t'embêter, c'est sûr ! Alors que bon, dans d'autres Maisons...

- Il y en a tant que ça ? répliqua Mary d'une voix fluette.
- Je ne sais pas, Black a l'air de s'y connaître."

Mary était toute rose et elle fixa le coin de sa table de chevet.

"Je n'ai pas trop envie de... qu'on me voit...

- Danser devant des gens ? Mais Mary, tu fais bien des spectacles de danse, non ? insista Marlene, là encore sans trop savoir pourquoi elle y attachait autant d'importance.

- Ce n'est pas pareil ! éclata alors la voix de Mary, soudain beaucoup plus grave."

Elle rougit encore et tourna les talons.

Le lendemain néanmoins, lorsque Marlene et Lily passèrent ranger leurs affaires avant de se préparer pour le repas, elles tombèrent sur Mary, de dos, en train de lever sa jambe si haut qu'elle semblait vouloir toucher le ciel.

"C'est beau, hein ? murmura Marlene à l'adresse de Lily.

- Oh là là, oui ! répondit-elle, les yeux pétillants."

Elles avaient désormais un grand secret de Mary, des sourires échangés, des conversations d'abord légères, et enfin Mary devint leur amie. Et il n'y eut, enfin, plus aucune barrière entre elles, ce furent elles contre le reste du monde.

En grandissant, bien sûr, elles s'affirmèrent. Lily continua à fréquenter Severus malgré le mauvais œil de Mary et Marlene sur son comportement. Mary devint amie avec James, parce qu'il l'avait défendue contre quelques piques d’Avery et Mulciber, et ensuite parce qu'ils avaient les mêmes goûts musicaux et littéraires, choses qui n'intéressaient pas Lily. Marlene dispensa assez naturellement son amour du rock à Sirius, le fournissant en vinyles de toute sorte, pourvu que ça cogne fort. Lily et Remus devinrent aussi bons amis. Lily fit aussi quelques connaissances du côté des Serdaigle - en fait, si Lily en avait eu le temps, elle aurait pu être amie avec vraiment tout le monde. Marlene voyait, certes irrégulièrement, d'autres élèves de Poudlard, rapport à jouer de la musique ensemble, mais elle n'avait pas ce sentiment de joie et de plénitude qu'elle avait lorsqu'elle était avec les filles ou avec Sirius.

L'autre chose qui progressait, un peu plus lentement, c'était cette sensation de beauté douloureuse qui envahissait Marlene lorsqu'elle regardait Mary danser. Marlene se disait que c'était parce qu'elle ne connaissait pas la danse.

Elle ramena dans sa valise ce sentiment diffus et en parla d'abord à son grand frère Dan. Dan ne dit rien, mais il jouait dans des bars où il avait fait la connaissance d'une chanteuse et instrumentiste qu'il aimait beaucoup, Annie. Annie avait huit ans de plus que Marlene, mais parce que Dan était un grand, alors Dan savait ce qu'il faisait : Marlene accepta de la rencontrer.

Ils profitèrent d'un soir d'ouverture du pub-restaurant de leurs parents.

"J'emmène Marlene !

- Où ça ?

- Au Beau Repaire !

- Ne rentrez pas trop tard ! Marlene est encore jeune ! Dan ! Écoute ce que je te dis ! DANIEL MACKINNON !"

Peine perdue. Les deux adolescents dévalaient déjà l'escalier de l'immeuble. Leur mère, les poings sur les hanches, ne les suivit pas plus loin que le palier. Ils claquèrent la porte du bas et se retrouvèrent dans la fourmilière de Camden.

C'était la première fois que Marlene sortait, "comme une grande" se disait-elle, et elle se sentait fière. Elle avait déjà oublié Annie, occupée qu'elle était par l'excitation d'aller, elle aussi, enfin voir du rock, du vrai rock, en vrai de vrai.

Dan jouait effectivement avec sa bande de copains au Beau Repaire. Leur set ne dura qu'une demi-heure. Ils reprenaient des standards de Led Zeppelin - car oui, le groupe produisait déjà des standards trois, quatre ans après sa formation. Le public, échevelé, criait, levait les mains, tapait des pieds en rythme. Dan avait demandé à Marlene de rester sur le bord du caveau, près de la scène, afin qu'il puisse toujours la voir.

Marlene adorait Led Zeppelin et fut complètement extatique tout du long de la prestation. Elle chantait à tue-tête, la respiration presque coupée, imitait les solos de guitare, bougeait tout son corps au son puissant des instruments et au rythme imposé par Dan - qui jouait de la batterie. Et lorsqu'elle fermait les yeux, elle n'était plus que vibration, somme d'harmoniques qui modulaient les mélodies, sa transpiration et la chaleur seules bien réelles qui la ramenaient dans ce repaire de rockeurs invétérés au temps suspendu.

Sa première pensée pour Poudlard ne fut ni pour Sirius, qui aurait adoré découvrir cette ambiance, ni pour Lily, qui n'avait pas de divertissement de ce genre dans sa ville ouvrière. Sa première pensée fut absolument et entièrement pour cette petite fille blonde qui dansait une autre danse sur une autre musique. La danse malgré tout ! Bouger aux vibrations de la musique ! Mary, la ballerine !

Et son ventre reçut alors un coup de tonnerre beau et douloureux et elle comprit, sans le formuler, qu'elle était amoureuse - aussi amoureuse qu'une petite adolescente insouciante encore puisse l'être.

Après son concert, et tandis qu'un autre groupe avait pris le relais pour ébouriffer la salle, Dan entraîna Marlene sur une table du bar, au fond opposé du caveau, où Annie vint bientôt les rejoindre.

"Alors, tu as aimé sa prestation ? demanda gentiment la jeune femme.

- J'ai adoré ! s'exclama Marlene.

- Ah ça ne valait pas le mythique Led Zeppelin, rit Dan, mais c'est toujours sympathique de jouer ce genre de morceaux."

Annie commanda une pinte pour elle et tapa sur le poignet de Dan lorsqu'il voulut faire de même.

"Seize ans, petit polisson ! N'imite pas tout ce qui va mal dans le monde des adultes, tu auras le temps, crois-moi !"

Elle ajouta à l'attention de Marlene :

"Il ne fait ça que parce qu'il veut jouer au grand devant toi, alors qu'il est encore un petit bébé du rock."

Dan se rabattit sur un café, en faisant semblant de bouder, ou du moins Marlene voulut le croire ainsi. Elle commanda pour elle-même un jus d'orange : c'était jour de fête !

"Comment vas-tu, Annie ?

- Pas trop mal, toujours caissière au Tesco le jour et rockeuse la nuit, avec cette voix mélodieuse que tu me connais."

Sa voix était, de fait mélodieuse, plutôt grave et rocailleuse. Marlene aimait déjà bien la jeune femme, cynique et amusante sans se départir d'un sourire en coin, malgré tout plein d'amitié, à l'encontre de Dan. Une pensée vola à l'arrière de sa tête - la voix grave de Mary, puis s'évapora aussi vite qu'elle était apparue.

"Et toi, tu es donc la petite sœur de Dan !

- Oui, je m'appelle Marlene et j'ai douze ans, fit Marlene, toute fière, en se redressant du mieux qu'elle le pouvait sur son siège. Et je joue de l’harmonica et de la guitare et je chante, très mal.

- Enchantée, Annie, vingt ans. Bassiste, guitariste, claviériste, chanteuse. Pour faire court, je force pour devenir un jour musicienne studio. Et j'ai déjà beaucoup entendu parler de toi !"

Dan annonça sa défaite d'un mouvement des bras et de la tête et ils rirent tous.

"Marlene, tout ce que tu m'as dit tout à l'heure, tu peux le lui dire à elle.

- À propos de Mary ?

- Oui, à propos de Mary. Je vous laisse, je vais voir les gars, on se retrouve à la fourgonnette de Richie ? Ici, il y a trop de monde.

- Parfait !"

Annie joignit le geste à la parole en faisant un tape-m’en-cinq avec Dan, et elle se retrouva bientôt seule avec Marlene.

"Alors, comme ça, tu aurais quelque chose à me dire ?"

Marlene était bien embêtée. Par où commencer ? Le rock et Dan ? Poudlard et les rencontres ? Mais que savait exactement Annie d'elle ? Probablement pas grand-chose. Dan avait mieux à converser que la vie de sa petite sœur lorsqu'il sortait jouer avec ses amis, et Annie faisait manifestement partie de son entourage musical très proche.

Toutefois, Marlene avait une confiance instinctive en la femme qui se trouvait devant elle. Elle lui faisait penser physiquement, y compris sur l'habillement d'ailleurs, à Jimi Hendrix, ce que Marlene trouvait très beau - autrement beau que la danse de Mary, car il y a autant de beautés qu'il y a de mondes. Et elle avait l'air attentif et complice, comme Dan. 

"Je crois que je suis amoureuse d'une fille de mon collège, annonça-t-elle.

- Ah. Euh, pas trop fort, s'il te plaît, fit Annie en regardant autour d'elle.

- Pourquoi ? s'inquiéta Marlene plus bas.

- Parce que... Tu ne sais pas qui sont les gens autour de nous. Moi non plus d'ailleurs. Et il y en a que ça dérangerait et je ne veux pas que tu… te retrouves… pas… pas bien à douze ans.

- Mais pourquoi ? C'est mal ?

- Non, oh là là, pas du tout ! Écoute, reprit Annie en baissant la voix. Je comprends pourquoi Dan nous a laissé toutes les deux. Je suis comme toi, j'aime très fort une fille de mon âge. Mais... En principe, la légalité de la chose est très ambiguë et il y a du mouvement actuellement, mais il faut rester prudent. Tu auras le temps, adulte, de savoir si tu veux prendre le risque de te déclarer ouvertement à la société ou pas, mais pour le moment tu es une enfant, et crois-moi, l'adolescence, c'est très, très long.

- Et toi, tu fais quoi ?

- Je me cache au Tesco, je me cache au Beau Repaire et ailleurs, je me cache chez mes parents... Il existe des endroits pour se rencontrer, avec des codes, tout ça, mais je distingue mes activités musicales de ma vie personnelle. En fait, je distingue mon amour pour cette fille de tout le reste. Comme je te l'ai dit, c'est très dommage, mais il n'y a pas de mauvais choix et tu pourras faire le tien quand tu auras réfléchi.

- Moi je n'ai pas peur, dit Marlene. Je ne me cacherai pas, c'est tout nul. Mais, fit-elle en reprenant un sourire, tu es un peu comme un agent secret, sauf qu'au lieu de chercher les méchants, tu cherches les gentils. Pourquoi les gens sont-ils si méchants ? "

Annie ne prit pas ombrage de l'avis d'une petite qui ne savait pas ce que c'était l'homophobie - qui ne savait en fait rien. Elle sourit même du discours décousu et spontané de Marlene : c'était la preuve qu'elle avait encore une âme enfantine, insouciante, et au contraire, ça lui pinçait le cœur de devoir révéler le monde à cette fillette résolue et volontaire.

Elle se demanda d'ailleurs si, en exprimant sa crainte aussi vite, elle n'avait pas bridé Marlene, au lieu de lui donner une image positive d'une relation saphique. Heureusement, il sembla que non. Très vite, Marlene voulut tout savoir et tout comprendre. Annie fut contente que Dan l'ait confiée à elle, plutôt que de donner des réponses incomplètes à sa soeur. Ce soir-là, elle éduqua Marlene sur l'histoire des droits des personnes homosexuelles.

Lorsqu'elles arrivèrent au camion de Richie, Marlene fut évidemment impressionnée par le matériel et elle eut le privilège de monter dans le coffre pour le regarder de près. Annie en profita pour attraper Dan et lui glisser de sonder impérativement ses parents sur leur degré de tolérance. "Elle est déterminée, c'est très bien, mais il faut qu'elle sache où elle met les pieds là où elle a un toit". Dan hocha la tête.

Tout l'été durant, Dan organisa des rencontres entre sa soeur et son amie. Marlene put alors avoir des réponses à toutes ses questions et aussi à celles qu'elle ne se posait pas, par manque de connaissances. C'était étrange à dire, elle avait l'impression très spéciale d'avoir une amie privilégiée. D'habitude, les petits et les grands ne se fréquentent pas. Mais très vite, elle comprit qu'à part son amour pour le rock grand public, Annie n'avait rien à voir avec l'avis normé des gens.

Marlene n'écrivait pas à Sirius. Révolté, il avait affirmé qu'il serait très heureux que ses parents s'énervent à la vue de lettres inopportunes envoyées par ses amis. Seulement, Marlene n'était pas dupe et avait bien compris que la monnaie d'échange était quelque chose qui se rapprochait de la torture. Elle savait que Sirius lui en voudrait, seulement, elle ne voulait pas prendre ce risque. Elle envoya une ou deux lettres cordiales à James, qui était son cousin, pour prendre des nouvelles.

Malheureusement, quelque chose avait changé car la famille Potter n'allait plus au Square Grimmaud. Pour l'anecdote, James raconta que quand il était petit, il n'avait jamais vu Sirius du tout, et qu'il n'avait même eu qu'une très vague idée de son existence avant de le rencontrer dans le Poudlard Express. De cette absence d'information, Marlene conclut que Sirius allait mal.

Marlene écrivait également à Lily. Elle lui laissait de la place pour pouvoir répondre sur la même feuille - c'était l'accord tacite qu'elles s'étaient fixées, avec Mary, pour pouvoir garder le lien avec elle. Marlene n'osait pas imaginer ce que c'était que de vivre dans un endroit où on ne peut même pas acheter de papier. Lily était bavarde et Marlene adorait la voir resserrer ses phrases de réponses au fur et à mesure qu'elle s'approchait de la barrière fatidique.

Heureusement, Lily n'était pas seule, avec sa soeur quelque chose s'était rompu, mais elle voyait tous les jours Severus - Marlene décida de ne pas relever, la conversation sur ce sujet devait se faire de vive voix. Lily et Severus allaient acheter leurs livres aux bourses caritatives de fin juin, ils s'entraînaient tout l’été, et aussi sur des vieux livres de sa mère - et elle en avait plein. Marlene releva les sourcils quand elle apprit qu'ils attaquaient déjà la partie théorique du livre de potions de quatrième année de l'époque. Bah oui, pourquoi pas, Lily-machine.

De façon donc indépendante de sa volonté, Mary fut la seule qu'elle put revoir pendant ces vacances. Elles s'accordèrent en effet sur la date à laquelle elles se rendraient au Chemin de Traverse. La mère de Mary serait là, ce qui rassura les parents de Marlene, toujours à courir en cuisine. Il fut convenu que Dan ferait avec elle le trajet en métro, ce qui enchanta le frère comme la soeur. Mary fit en rougissant un geste un peu plus expansif que d'habitude en prenant Marlene dans ses bras.

La deuxième année fut semblable à la première, à ceci près que l'amitié reprit ses droits dès le Poudlard Express.

Des choses avaient évolué, cependant : on sentait des frémissements indicibles dans la gare. Les première insultes commencèrent à fuser ouvertement en classe. Les moqueries sur la statut de sang se banalisèrent. Mary chaussait désormais aussi des pointes et passait deux pirouettes planées. Lily survola la promotion. Marlene joua avec quelques autres musiciens. Sirius se vit offrir un harmonica par ses amis. Marlene hésita à lui parler de... tout ça.

Annie et Marlene se revirent pendant l'été. Marlene écrivit aux mêmes personnes de la même manière. Une autre différence fut qu'elle revit cette fois-ci Mary plusieurs fois, chacune étant invitée chez l'autre, ou alors elles allaient au cinéma ou au musée avec parfois Dan pour les accompagner, selon que la proposition de sortie revenait à Marlene ou à Mary. C'était pratique d'être deux amies londoniennes. Marlene mentit à nouveau à Annie sur la nature de son internat.

Les filles, toujours bonnes amies, se tenaient toujours en bloc face à l'adversité, ici représentée par une bande essentiellement composée de Serpentards. Mary, bien qu'elle avait pris confiance en elle au sein du groupe, eut bientôt des signes de perte d'estime d'elle-même. Marlene et Lily ne purent lui en faire avouer la cause. Comme Mary commença à s'enfoncer davantage dans ses entraînements, travaillant le matin et le soir après manger, ce qu'elle ne faisait pas avant, Lily et Marlene l'attribuèrent à son école de danse.

Les réactions de James et Sirius, qu'ils déclamèrent être proportionnées, ne se firent pas attendre. Marlene en toucha deux mots à Lily, il semblait que Mary s’était un petit peu rapprochée de James, il se passait quelque chose avec les Serpentards. En son for intérieur, Marlene prit peur et ressentit pour la première fois de la jalousie. Elle demanda seulement à Mary pourquoi elle ne se confiait plus à ses deux amies les plus proches. Les yeux bleus se voilèrent de pleurs.

"Je ne voulais pas que vous portiez ça aussi, sachant que nous sommes toutes les trois nées-Moldues, je me suis dit que votre tour viendrait bientôt, alors j’espérais vous déranger le moins possible. "

C’était bien Mary, ça, de ne pas déranger. Marlene soupira bruyamment.

"Et Potter et Black ?

- Potter a assisté à une scène, il m’a emmenée à l’infirmerie…

- Mary ! cria Lily, les mains sur la bouche, visiblement inquiète et contrariée. Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?

- Du verre dans mes pointes. "

Elle fixait désormais le sol, les larmes coulant le long de ses joues.

"Tu dois ne travailler qu’ici.

- Il était tard, je ne voulais pas vous déranger… En fait…"

Elle craqua et finit par avouer. Elle se faisait harceler car on avait fini par remarquer qu’elle était danseuse et qu’elle ratait les cours à cause de cela, on profitait de sa timidité maladive, et elle pensait qu’elle était nulle, et qu’elle devait travailler encore et encore pour prouver à tout le monde qu’elle méritait d’avoir le droit de danser.

Les trois amies se firent un gros câlin.

Sirius confirma bientôt à Marlene qu’ils n’agissaient que pour défendre les valeurs des Gryffondors.

"Oh, les chevaliers du Sieur Godric, plaisanta Marlene. "

Sirius dit même en plaisantant que si James s’intéressait un jour à une fille, ce serait probablement une fille qui avait un caractère de tête de mule comme lui, du genre de Lily ou d’elle.

Marlene répliqua d’un ton léger que ce serait bien dommage.

Avoir lancé la conversation lui permettait de ne plus se défausser : alors, Marlene expliqua qu’elle pensait qu’elle aimait les filles.

"Ecoute, mes parents détesteraient ça, donc je pense que c’est une bonne chose.

- Guide en parentalité, Sirius ?

- Tout-à-fait, mon dernier livre de conseils garantie sans arnaques : faites tout ce que ne font pas les parents Black ! "

Ils rirent. Sirius redevint sérieux, tandis que Marlene, le cœur quand même battant, pour s’occuper, alla placer un vinyle sur le tourne-disques – Lily et Remus avaient trouvé comment isoler des parties du dortoir de la magie. Depuis, il y avait dans le dortoir des garçons une commode dont deux tiroirs contenaient de la nourriture, refroidie par un sortilège confiné dans les enceintes, et un tiroir ledit tourne-disques, qu’il fallait refermer pour qu’il fonctionne, ce qui donnait un charme au son un peu étouffé qui en sortait.

"Y a-t-il une heureuse élue ?

- Dans mon cœur seulement…

- Mary ou Lily, je présume ?

- Mary… lança Marlene dans un souffle. "

Sirius ne répondit pas, et sourit. Marlene conclut que la conversation était terminée.

"Alors, on l’écoute, ce Deep Purple ? "

Quelques semaines plus tard, Lily entra dans le dortoir l’air très dégagé et pas très naturel de quelqu’une qui s’enthousiasme pour quelque chose qu’elle est la seule à connaître. Mary était penchée en avant, occupée à peigner ses cheveux mouillés à la sortie de la douche, tandis que Marlene lisait un magazine de rock.

"Les filles, j’ai quelque chose à vous dire.

Mary leva les yeux vers elle, ce qui voulait dire "vas-y, je t’écoute", et Marlene ferma son journal et se leva pour se rendre au-devant de Lily.

"Voilà, il y a Potter et Black qui sont venus me parler… A propos de vous. C’est-à-dire que toi, Mary, tu as discuté avec Potter de ton côté et puis toi Marlene, tu t’es confiée à Black d’un autre côté. Ils ont deviné que… qu’il se passait quelque chose le jour où Black a dit à Potter que Marlene était jalouse de lui, Potter a tout de suite fait le lien…"

Marlene se sentit devenir rose, elle osa un regard vers Mary, qui cachait son trouble manifeste derrière un rideau de cheveux. Elle retourna la tête vers Lily, sentant sa respiration devenir plus rapide. Lily se pencha et lui prit gentiment la main.

"Ça va, Marlene ? Tout va bien, tu verras. "

Marlene la crut, elle avait un sourire radieux.

"Alors, ils sont venus me voir car ils se sont dit que j’étais la plus à même de vous en parler… Bref, dans ce dortoir, vous êtes libres d’être qui vous êtes et de dire vos sentiments, car ici personne ne vous rejettera…"

Mary se redressa et rejeta ses cheveux en arrière, puis tira dessus pour enlever ceux qui étaient tombés. Son front était rouge, mais ses yeux pétillaient.

"Je vous laisse, si vous voulez, je vais travailler chez les garçons avec Remus ! "

Marlene lui fit un bref câlin. Elle lui chuchota dans l’oreille :

"Tu sais que tu n’es pas obligée de justifier toute ta vie par le travail, hein.

- Ne t’inquiète pas, tu es un cœur. "

Elle lui fit un bisou sur la joue. Mary appela "Lily... " faiblement.

"Lily, merci. "

Sa belle voix grave. Marlene regarda Lily sortir, la porte se refermer sur elle, Mary et leur destin commun.

Elles s’approchèrent l’une de l’autre timidement, et se prirent ensuite dans les bras. Mary posa doucement ses lèvres sur la joue de Marlene. Ce baiser résonna dans le cœur de Marlene autrement que celui de Lily, et elle sut encore que ce n’était pas pareil.

Elle était amoureuse de Mary, sa danse douloureusement belle et difficile, ses yeux bleus timides, sa voix grave, sa volonté calme et ses sorties au musée.

Le plus extraordinaire, aux yeux de Marlene, était que Mary l’aimait en retour, avec sa franchise énervée, sa guitare endiablée, ses sorties au cinéma, son goût culinaire qu’elle croyait aiguisé alors qu’elle, Mary, passait la moitié de ses journées en France, et le doigt d’honneur qu’elle fit chaque matin à Avery et Mulciber à partir de ce jour.

 

 

Note de fin de chapitre :

Il semblerait que le "Marylene" soit le nom du ship Mary x Marlene. J'ai mis un certain temps à le trouver, mais je trouve que ce n'est pas si mal comme dénomination, vu que ça forme aussi un prénom.

C'est un texte qui est très fortement imbriqué dans mon univers personnel et qui a donc beaucoup de significations, parfois seulement effleurées, pour moi.

Merci pour votre lecture ♥

Piti

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