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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Charlie et Charlotte par Ellie

[5 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Petit texte qui ne répond à aucun des prompts du mois mais qui a été inspiré par l'effervescence autour de l'organisation du projet.

Disclaimer : Je ne suis pas non-binaire, je ne suis même pas sûre de comprendre à 100 % ce qu'est la non-binarité, et donc ce texte est peut-être à côté de la plaque, mais il a été écrit avec l'esprit ouvert et beaucoup d'amour. Si je heurte qui que ce soit, j'en suis franchement désolée, je voulais juste explorer quelque chose sur quoi je n'ai jamais écrit.

— Attention. Attention ! Pas par là, il va…

Un rugissement. Fatigué, exaspéré, apeuré plus que furieux, mais un rugissement quand même, qui tira Charlie d’un sommeil profond. Le jeune homme sortit précipitamment de sa hutte et accourut vers l’attroupement qu’il voyait à une centaine de mètres de sa porte. Une demi-douzaine de silhouettes humaines autour d’un… dragon ?

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il en arrivant à côté de sa collègue, Yolanda.

— Un appel d’urgence tout à l’heure, répondit-elle. Un cirque de passage dans un village sorcier à côté de Craiova, ils avaient un jeune dragon qui avait commencé à leur donner du fil à retordre, alors ils l’ont juste…

Elle fit un geste de la main, et Charlie comprit ce qu’elle ne disait pas. Ils l’avaient laissé dans la campagne, seul, à des milliers de kilomètres de chez lui. Si des gens du refuge ne l’avaient pas trouvé, Merlin seul savait ce qui lui serait arrivé… ou ce qu’il aurait pu faire comme dégâts.

— Pourquoi il ne crache pas de feu ?

— Tu connais les cirques de campagne, ils lui ont sans doute enlevé les glandes inflammables quand il était bébé.

Charlie sentit une bouffée de rage lui emplir l’estomac. Ce pauvre animal qui n’avait rien demandé, comment avait-on pu lui faire cela ? Lui enlever ce qui faisait de lui un dragon ? Eh bien, maintenant, il était en sécurité avec eux. Jamais rien ne lui ferait plus de mal, ils y veilleraient. Charlie y veillerait.

— Qu’est-ce que je peux faire ?

À cela, Yol se tourna vers Charlie et le regarda, un sourcil haussé et un sourire amusé sur les lèvres.

— Weasley, tu ne portes même pas de chaussures.

Elle éclata de rire quand Charlie regarda ses pieds nus, confus.

— Retourne te coucher. De toute façon, là on peut rien faire, il fait trop noir. On va juste le mettre dans un enclos et le laisser se reposer avant de l’examiner plus. Le pauvre.

Le jeune homme n’eut d’autre choix que de retourner à sa hutte, remarquant cette fois les petits gravillons qui lui piquaient la plante des pieds. Mais il ne retourna pas se coucher tout de suite ; il resta dans la porte de chez lui, regardant le groupe de ses collègues qui accompagnaient le nouveau dragon vers son enclos temporaire. Quand ils disparurent de vue, avant de se tourner vers son lit, Charlie murmura dans la nuit sombre :

— Dors bien, petit dragon. On se voit demain.

***

Quelques heures plus tard, Charlie s’habilla et déjeuna à toute vitesse avant de sortir de sa hutte pour se diriger vers les enclos temporaires des nouveaux arrivants au refuge, ceux qui, tout en étant confortables et accueillants, ne permettaient pas aux dragons de s’envoler ni de se cacher trop loin. Juste pour que les dragonologues puissent les examiner, et les replacer dans les enclos plus complets de leurs espèces respectives au plus vite.

Il trouva rapidement l’enclos en question – c’était le seul qui était occupé en ce moment. Il s’approcha du grillage et observa la forme anguleuse du jeune dragon roulé en boule au centre du sol couvert de sable, son flanc d’un noir sale montant et descendant au rythme de sa respiration. Forme anguleuse, parce qu’il était bien trop petit et maigre pour son âge. Même jeune, un dragon comme celui-là aurait dû être bien en chair. On n’aurait pas dû pouvoir compter ses côtes. Et ça, c’était sans parler de ses ailes ; Charlie voyait de là où il était qu’elles étaient fripées, sèches, déchirées par endroits.

Il réprima un nouveau frisson de haine envers les sorciers qui avaient maltraité à ce point une si belle créature. Si seulement il les avait sous la main…

— Je vois que t’as pas oublié tes chaussures cette fois.

Charlie sursauta. À cette heure matinale – le soleil était à peine levé –, il avait cru être le seul debout à cet endroit, mais il voyait maintenant que quelques-uns de ses collègues observaient eux aussi l’animal endormi non loin de là où il se tenait. Yolanda, dont les cernes témoignaient de la nuit blanche qu’elle venait de passer, se plaça à ses côtés.

— Comment il va ? demanda Charlie.

— « Il » est une « elle », en fait, répondit-elle. Charlotte de son petit nom.

Charlie la regarda, amusé, et elle renifla sans se tourner.

— C’est pas nous qui l’avons baptisée, c’était marqué sur son tag.

Elle pointa du doigt, et le roux remarqua effectivement une étiquette en plastique jaune qui lui traversait l’oreille. Il grimaça. Quelque chose qu’ils lui enlèveraient dès qu’ils le pouvaient.

— Vous avez appris d’autres choses ?

— Pas énormément. Il faisait noir et elle avait peur, on voulait la laisser tranquille le plus vite possible. Juste que c’est une Noire des Hébrides, elle a été très maltraitée, comme tu peux voir, et… elle a peur des hommes.

La dragonne – Charlotte – se réveilla alors, ouvrant de petits yeux violets et les fixant sur les humains qui la regardaient. Sans les quitter du regard, elle tendit le cou et attrapa un des morceaux de venaison qu’on avait posés près d’elle pendant qu’elle dormait.

— C’est bien, ma belle, murmura Yolanda avant de se tourner vers son voisin. Faut qu’elle prenne du poids – au moins cinquante kilos, à vue de nez – avant qu’on puisse la mettre dans le refuge. Et éventuellement, faudra qu’on puisse faire quelque chose pour ses ailes. Les réhydrater, les panser… Elle peut probablement même pas voler dans cet état, la pauvre.

— Ça devrait pas être si difficile, dit une voix derrière eux. Donnez-moi un pot de lotion et je m’en occupe.

Charlie et Yolanda se tournèrent vers le nouveau venu – cette dernière en levant les yeux au ciel. Leur collègue américain Kash, un fanfaron de première mais malheureusement un excellent vétérinaire, s’était joint à eux.

— Si elle peut même pas cracher de feu, ça peut pas être si dangereux que ça…

— Non, bien sûr, tout le monde sait que sur un dragon, les dents et les griffes et les pointes c’est là juste pour faire joli…

Charlie pouffa. Loin d’être embarrassé, Kash passa un bras autour des épaules de Yolanda.

— Ah, Fadoula, tu dis ça pour ne pas que je me blesse ? Je le savais qu’au fond tu m’aimais bien !

— Je dis pas ça pour toi, abruti, rétorqua la jeune femme en s’ébrouant pour se débarrasser du bras du vétérinaire. Elle a peur des hommes. Elle est assez traumatisée comme ça, on va pas lui imposer ta présence en plus.

Ses prochains mots, Charlie fut le seul à les entendre :

— Sinon crois-moi, il y a rien qui me ferait plus plaisir que te laisser seul dans un enclos avec une dragonne énervée…

Puis, à nouveau à voix haute :

— De toute façon, c’est Charlie le spécialiste des dragons de Grande-Bretagne, ça sera à lui de s’occuper de Charlotte.

Kash le contempla de la tête aux pieds, puis dit :

— Je sais pas si t’as remarqué, mais Weasley aussi c’est un homme.

Yolanda se tourna alors vers Charlie, le visage fendu d’un large sourire.

— Tu as déjà pris du Polynectar ?

***

Le lendemain matin, Charlie se leva à nouveau à l’aube. Il ne déjeuna pas, comme le lui avait conseillé Yolanda, et sortit plutôt dans l’air frisquet. Il traversa le village de huttes endormi jusqu’à celle qu’il cherchait, où il cogna doucement à la porte.

— C’est ouvert, entre !

Charlie poussa la porte et entra dans un salon chaud et chaleureux. Yolanda était accroupie devant la cheminée, où crépitait un feu bas sous un chaudron. Sans se tourner, elle demanda :

— Tu peux me passer la tasse sur la table s’il te plaît ?

Le jeune homme attrapa le grand mug gris et le tendit à sa collègue. Yolanda plongea une louche dans le liquide glougloutant et en versa le contenu dans le mug, jusqu’à ce que celui-ci soit plein à ras bord. Elle se leva alors et le déposa devant une chaise libre à la table, invitant Charlie à s’y asseoir. Il prit place et contempla le liquide qu’il aurait à avaler. Il était d’un orange pâle mais opaque. Il pouvait presque s’imaginer que c’était du jus de citrouille. Du jus de citrouille chaud et très, très épais. Il croisa les doigts autour de la tasse chaude mais, avant de le lever à ses lèvres, regarda Yolanda, qui s’était assise face à lui.

— C’est qui ? demanda-t-il en inclinant la tête.

— Une fille que j’ai rencontrée le mois dernier. Une Moldue du village. J’étais chez elle et… bref, en un mot, j’ai ramené quelques-uns de ses cheveux.

— « Rencontrée », hein, répéta Charlie d’un air taquin.

— Tais-toi et bois, répliqua la jeune femme en le foudroyant du regard, les joues un peu rosies.

— Okay, mais seulement si tu promets de pas me sauter dessus après.

Elle fit mine de lui lancer le sous-verre qu’elle avait sous la main. Charlie rit et leva le mug. Juste avant d’y plonger ses lèvres, il la regarda à nouveau.

— T’es absolument certaine que c’était des cheveux humains, et pas des poils de chat ? Parce que mon frère m’a raconté une histoire, et…

— Oui, je suis absolument certaine, répondit-elle doucement. Fais-moi confiance, Weasley, c’est pas la première fois que je fais du Polynectar.

Alors Charlie hocha la tête et, sans se donner plus de temps pour y réfléchir, ferma les yeux et avala cul sec la tasse de potion. Il s’était attendu à un goût horripilant – c’était ce que lui avait décrit Ron –, mais fut agréablement surpris du contraire. Bon, on était quand même loin d’un bon verre de bièraubeurre, mais celle-ci n’était pas déplaisante pour autant. Peut-être que les femmes avaient simplement meilleur goût que les hommes.

La transformation, par contre, fut tout aussi déplaisante que l’avait averti son frère. Sa peau bouillait et ses os rétrécissaient ; les poils de son visage rentraient sous sa peau tandis que ceux sur sa tête s’allongeaient ; son visage donnait l’impression d’avoir été frappé par un marteau, brisé en mille morceaux puis recollé comme un casse-tête.

Finalement, après une demi-douzaine de minutes qui lui semblèrent une éternité, toute la douleur disparut et Charlie commença à s’explorer le visage des mains, à caresser la peau douce, à tracer les lèvres fines et le nez aquilin. En rigolant, Yolanda lui tendit quelques vêtements.

— Tiens, ça devrait te faire mieux que ce que tu portes.

— C’est quoi le problème avec ce que je porte ?

Il se leva, et dut aussitôt rattraper ses pantalons qui, maintenant bien trop larges pour ses hanches féminines, menaçaient de glisser jusqu’au sol. Yolanda haussa un sourcil amusé.

— La salle de bain est par là.

Charlie attrapa les vêtements d’une main, l’autre étant toujours occupée à tenir ses pantalons, et se rendit dans la pièce qu’avait indiquée sa collègue. Après avoir fermé la porte, il laissa enfin les pantalons tomber et s’en dépêtra, ôtant du même coup ses chaussures qui semblaient tout d’un coup immenses autour de ses petits pieds fins. Il déboutonna sa chemise mais, dès qu’il l’eut ôtée et croisé du regard son reflet dans le miroir, rougit et se détourna. Il se sentait mal à l’aise de regarder ce corps qui n’était pas le sien. En se rhabillant avec les vêtements de Yolanda, il envoya une pensée à cette Moldue inconnue, lui demandant pardon de lui emprunter son corps. C’est pour une bonne raison, promis, pensa-t-il.

Une fois vêtu, Charlie s’approcha à nouveau du miroir, s’en approchant cette fois pour examiner son visage temporaire sous toutes ses coutures. Toutes ses taches de rousseur, qu’il avait tellement l’habitude de voir qu’il ne les remarquait même plus, avaient disparu, laissant derrière elles une peau lisse et blanche, à peine bronzée, tout le contraire de la sienne qui passait ses journées au soleil. Il ferma ses grands yeux presque noirs aux longs cils et caressa son menton, savourant l’absence de poils drus.

Soudain, des coups à la porte.

— Ça va, princesse ? Encore en train de t’admirer ? On a pas toute la journée, tu sais.

— Ouais ouais, j’arrive, répondit Charlie en levant les yeux au ciel.

Avant de sortir de la salle de bain, il aperçut sur le comptoir un élastique à cheveux. Lui qui n’avait jamais été fan de la coiffure de Bill, le voilà qui se retrouvait avec une tignasse quatre fois plus longue. Voyons, comment faisait Ginny ? Tenir tous les cheveux d’une main, l’élastique dans l’autre, le passer autour de la couette, et…

L’élastique claqua durement contre la paume de Charlie, qui jura et laissa retomber tous les cheveux contre son dos. Il sortit dans le salon, où Yolanda l’attendait avec une bouteille dans une main et une paire de caoutchoucs dans l’autre. En voyant les pieds nus de Charlie, elle sourit et les lui lança.

— Elle avait les pieds plus grands que les miens, mais je crois que ça devrait aller.

Charlie y glissa ses pieds, puis lui tendit l’élastique à cheveux.

— Tu pourrais m’aider avec ça ?

Yolanda lui tendit la bouteille – de Polynectar, expliqua-t-elle, il ne fallait pas qu’il oublie d’en prendre au moins une fois par heure sans quoi il redeviendrait un homme, et Charlotte ne serait pas ravie – et se plaça derrière lui. Elle tira vers l’arrière les longs cheveux bruns et, en deux temps trois mouvements, accrocha l’élastique au bout d’une longue tresse qu’elle laissa retomber contre le dos de Charlie.

Ils sortirent alors de la hutte et marchèrent vers l’enclos de Charlotte. La petite dragonne semblait à peine avoir bougé depuis la veille au soir, elle était toujours couchée en boule, sa tête sur sa queue fléchée, à l’ombre du rocher le plus éloigné de la grille. Les morceaux de venaison qu’ils lui avaient laissés pour la nuit avaient par contre tous disparu, signe qu’elle avait mangé à sa faim. Un bon signe.

— Yolanda, tu me présentes à ton amie ?

Charlie vit la dragonne ouvrir ses yeux violets et les fixer sur Kash, qui venait d’arriver.

— C’est Charlie, dit Yolanda avec un soupir.

— Charlie, c’est court pour Charlotte ? demanda l’Américain en s’approchant de lui. Comme notre nouvelle dragonne. Mais j’espère que tu es plus sympathique qu’elle, paraît qu’elle aime pas trop les hommes.

Charlie et Yolanda échangèrent un regard amusé.

— C’est drôle, moi non plus j’aime pas trop les hommes.

Et, avant que Kash ne puisse faire une remarque de plus, il précisa :

— Et Charlie, c’est court pour Charles. Weasley.

Le grand homme blond recula en jurant pendant que Yolanda éclatait de rire. Elle s’approcha de Charlie et lui passa un bras autour du cou.

— Bienvenue à l’expérience d’être une femme parmi ces bestioles que sont les hommes comme Kash, Weasley !

— Ouais ouais, grommela la bestiole. Avertissez-moi la prochaine fois.

Après quelques railleries, quelques minutes de divertissement sous l’œil acéré de Charlotte, Yolanda fut la première à retrouver son sérieux.

— Bon, Charlie, tu sais ce que tu as à faire ?

— Entrer dans l’enclos, faire copain-copain avec Charlotte, pas me faire bouffer ?

— Essentiellement, répondit Yol avec un sourire en coin. Tu as bien la bouteille de Polynectar ? Oublie pas, une fois par heure, au moins une gorgée. On sait pas combien de temps ça va prendre pour l’approcher, mais elle est notre priorité pour le moment. Nick et Erzuli ont repris tes tâches avec les adultes, alors tu peux passer autant de temps qu’il faut ici.

— Il y aura toujours quelqu’un ici, continua Kash. Yolanda, moi, ou un autre animalier. Au moindre signe de détresse de ta part, on pourra intervenir.

Il tendit à Charlie une besace contenant le pot de lotion pour les ailes blessées de Charlotte, puis l’accompagna jusqu’à la porte grillagée en lui expliquant comment l’étendre, même s’il doutait qu’elle se laisse approcher dès cette première tentative. Il ouvrit la porte et Charlie, sous forme féminine, entra dans l’enclos de la dragonne.

***

Les dix jours suivants se suivirent et se ressemblèrent. Charlie se levait et, avant même de s’habiller, buvait un verre de Polynectar ; il enfilait les vêtements que lui avait prêtés Yolanda et se tressait les cheveux – sa collègue lui avait appris ! ; il déjeunait puis rejoignait l’enclos de Charlotte, où l’attendait Kash, Yolanda, ou les deux, et ils faisaient rapidement le point sur les objectifs de la journée (qui étaient souvent les mêmes que ceux de la veille) ; puis, il ouvrait la porte grillagée et entrait dans l’enclos.

Charlotte était toujours réveillée quand il arrivait. Au même endroit que d’habitude, près de son rocher, elle levait la tête et regardait l’humain qui entrait chez elle. Charlie lui parlait doucement de sa voix chantante, et s’avançait lentement, un pas après l’autre, jusqu’à ce que la dragonne se mette à grogner, signalant ainsi qu’il était bien assez proche comme ça. Alors il s’asseyait là où il se trouvait, la remerciant quand elle le faisait s’arrêter sous un arbre plutôt qu’en plein champ, exposé au soleil ou à la pluie pour la journée.

Les heures passaient tranquillement, presque sans mouvement de la part de Charlotte. Quand elle était réveillée, Charlie lui parlait de tout et de rien, simplement pour qu’elle s’habitue à sa voix, à l’idée que tous les humains n’étaient pas aussi cruels que ceux qui l’avaient abandonnée.

Et quand elle s’endormait, il sortait son carnet et prenait des notes sur ce qu’il partagerait avec son équipe ce soir-là. Ou bien il se levait doucement pour aller se cacher derrière un arbre et uriner – une tâche autrement plus difficile dans un corps de femme que dans celui d’un homme.

Et il prenait une gorgée de Polynectar. Il n’oubliait jamais.

Le matin du onzième jour, il n’était plus qu’à quelques pas de Charlotte quand elle grogna et souffla par ses nasaux. Charlie savait que si elle n’avait pas été mutilée, ce souffle aurait été une flamme, alors il n’insista pas et s’assit. En plein soleil, loin de tout tronc ou rocher contre lequel s’appuyer, mais il était néanmoins ravi : il n’avait jamais été aussi proche de la dragonne, il pouvait presque la toucher.

Quand Charlie fut installé, Charlotte reposa sa tête allongée sur ses pattes. Ses grands yeux violets restaient fixés sur le jeune homme, mais celui-ci n’y lisait pas de méfiance ni de peur, mais de la curiosité et… de l’anticipation ? Elle lui rappelait Ginny quand elle était toute petite et voulait que son grand frère « Cha’ie » lui raconte une histoire. Il rit doucement et dit :

— Tu veux que je te parle, c’est ça ? Bon, qu’est-ce que je peux bien te raconter aujourd’hui…

Il se gratta le menton et, comme tous les jours, s’étonna momentanément de ne pas y sentir de poils drus. Cela lui donna une idée de sujet.

— Tu savais qu’en vrai, je ne suis pas une femme ? Tout ça, c’est un corps emprunté à une Moldue. J’ai fait ça pour toi, pour ne pas que tu aies peur de moi. Parce que même si je suis un homme, tu sais, je ne te ferais jamais de mal.

Charlotte cligna lentement des yeux. Sa queue battit une fois contre le sol.

— Mais tu sais le plus bizarre dans tout ça ? C’est que ça ne me fait pas bizarre, d’être dans un corps de femme. Je veux dire, oui, c’est chiant de me faire déshabiller du regard par des gars qui ne savent pas que c’est moi, mais l’essentiel, le sentiment, il est pas… Il me fait bien, quoi. Comme si j’enfilais une vieille chemise que j’avais pas mise depuis une éternité pour trouver qu’elle me fait toujours.

Il fronça les sourcils et secoua la tête.

— Non, c’est pas ça. Plutôt, comme si je découvrais une chemise dans mon placard que j’avais jamais vue avant, et qu’elle m’allait comme un gant.

Charlie prit une brindille entre ses doigts et la fit tournoyer, restant silencieux quelques instants pendant que la dragonne le regardait, attendant patiemment la suite.

— Ma mère m’a raconté une fois que quand j’étais tout petit, je voulais qu’on m’explique la différence entre une fille et un garçon. Pas la différence physique hein, je suis pas con, j’ai six frères et une sœur, sans parler des tas de neveux et nièces à qui j’ai changé les couches ! Mais la différence… spirituelle, abstraite. À l’intérieur, c’est quoi la différence entre un homme et une femme ?

Charlotte souffla et Charlie sentit l’air chaud sur ses jambes nues. Il sourit et continua :

— J’avais complètement oublié tout ça, jusqu’à ce que je commence à passer du temps ici, dans ce corps. Je crois que j’ai jamais eu de réponse satisfaisante, à l’époque. En tout cas aujourd’hui je me pose un peu les mêmes questions. Quand je suis né, les médicomages ont vu un pénis, et donc j’étais un garçon, point. Mais est-ce que c’est aussi simple ? Je veux dire, les poussins, quand ils éclosent, on peut pas dire. Et les dragons non plus, en fait. C’est juste à un ou deux mois qu’on peut déterminer. Mais avant ça, vous savez quand même, non ? Quand tu avais trois semaines, tu savais déjà que tu étais une dragonne ?

Charlotte ne lui répondit pas, et Charlie soupira en baissant les yeux.

— Parce qu’en fait, je me rends compte maintenant que je ne sais pas ce que c’est de me sentir comme un garçon à l’intérieur. Je suis bien dans mon corps habituel, je dis pas le contraire, mais je suis tout aussi bien dans celui-ci. Ça me semble aussi naturel de… tresser mes longs cheveux que de me raser la barbe. J’ai presque demandé à Yolanda de me montrer deux ou trois trucs de maquillage, l’autre jour, mais j’avais peur qu’elle me pose des questions auxquelles je ne pourrais pas répondre.

Il haussa les épaules et, sans lever la tête, continua :

— Je sais pas, on dirait que j’ai toujours senti qu’il manquait quelque chose en moi, même si je n’y pensais pas et que j’étais satisfait d’être un des nombreux fils Weasley, mais avec ce corps, ces questionnements qui ont remonté, j’ai trouvé ce morceau manquant. Ou au moins une piste vers lui. Je sais pas, tu crois que c’est possible, tout ça ? D’être ni entièrement homme, ni entièrement femme, à l’intérieur ?

Il leva les yeux et vit que ceux de la dragonne étaient fermés, sa tête posée sur ses pattes croisées et ses flancs se levant et s’abaissant lentement. Secouant la tête, Charlie sortit son carnet, l’ouvrit à une page vierge et y posa la pointe de son crayon. Mais après quelques instants sans rien écrire, il se laissa tomber sur le dos, les bras en croix, et passa la sieste de Charlotte ainsi, à regarder le ciel, perdu dans ses pensées.

***

À partir de ce jour-là, le comportement de Charlotte changea du tout au tout. C’était comme si, du jour au lendemain, toute sa peur, toute sa gêne s’était envolée. Certes, elle continuait à grogner quand un homme s’approchait trop d’elle en lui amenant à manger, mais maintenant, tous les matins quand Charlie ouvrait la porte de son enclos, elle se levait, s’étirait comme un chat et s’approchait de lui en trottinant.

Le deuxième jour de cette nouvelle relation, elle posa sa tête sur le genou de son gardien, et il put lui enlever le tag qui portait son nom, ne laissant qu’un petit trou presque imperceptible dans son oreille droite.

Le quatrième jour, elle étendit ses ailes pour la première fois et laissa patiemment Charlie y étendre de la crème hydratante.

— Ça fait du bien, n’est-ce pas ?

La crème rose pâle s’immisçait sous ses écailles, nourrissait la peau de l’intérieur. Charlie lui en mettait quatre fois par jour, et ça ne prit que trois jours de ce traitement pour que ses ailes reprennent un air et un tonus naturels. Elles gardaient des cicatrices de quelques-unes des pires blessures – il y en aurait toujours, tant internes qu’externes, pour un trauma tel qu’avait vécu Charlotte –, mais Charlie jugeait que la dragonne était prête à retrouver le ciel.

***

Le huitième jour, Kash et Charlie attendaient non loin des enclos quand Yolanda accourut vers eux.

— Charlie ! appela-t-elle. J’ai plus de Polynectar ! Et j’imagine que comme t’es toujours toi…

— Il me restait seulement quelques gouttes, répondit-il en montrant sa bouteille vide. Je crois que mes cheveux sont un peu plus longs que d’habitude, mais sinon c’est tout.

Yolanda grimaça.

— Je peux toujours utiliser un de mes propres cheveux, mais ça va prendre un mois pour faire la potion… Ou bien j’y vais moi-même… Merde, j’aurais dû y penser avant, ça m’a pris par surprise quand tu m’as demandé une nouvelle bouteille hier…

— On fait quoi, alors ? demanda Kash.

Charlie se tourna vers l’enclos de Charlotte. Au loin, il voyait la petite dragonne assise sur un rocher, les yeux pointés vers le ciel. Elle était prête.

Et lui aussi.

— Vous savez quoi ? dit-il, interrompant le remue-méninges de ses collègues. Je crois que je vais essayer quand même.

— Quoi ? rétorqua Yolanda. Elle est peut-être gentille avec toi quand tu as des seins, mais rien a changé, Charlie, elle ne supporte toujours pas qu’un homme s’approche d’elle, tu le sais.

Dans son enclos, Charlotte tourna la tête et plongea son regard violet dans celui de Charlie. Il lui sourit. Il n’avait pas besoin de seins pour savoir que tout avait changé.

— J’ai un bon feeling, dit-il en commençant à s’avancer vers la porte grillagée. J’accepte toute responsabilité si elle décide de m’attaquer, mais… Je veux juste la voir voler aujourd’hui.

Yolanda et Kash échangèrent des regards perplexes, puis haussèrent les épaules. Devant eux, Charlie ouvrit la porte et entra dans l’enclos de la dragonne sans regarder derrière lui.

Une fois dans le territoire de la dragonne, le jeune homme ralentit. Son cœur battait la chamade et il n’était pas du tout certain de ce qu’il faisait, malgré ce qu’il avait dit à ses collègues, mais il s’avança néanmoins vers Charlotte en disant d’une voix calme :

— Salut beauté. Je sais que ma voix est pas mal plus grave que d’habitude, mais c’est toujours moi. Tu me reconnais ?

La dragonne le regardait s’approcher, les yeux plissés, avec un léger grognement qui lui sortait de la gorge et les nasaux dilatés. Charlie freina et resta un instant sans bouger, attendant un geste de sa part. Mais elle ne bougea pas, et il était sur le point d’essayer de reculer, de s’éloigner d’elle en un morceau, quand sa gorge arrêta de vibrer et elle cligna lentement des yeux. Elle ne descendit pas de son rocher, mais Charlie sentit qu’elle l’avait reconnu. Ou accepté, accepté la partie de lui qu’il ne savait même pas, avant tout ça, qu’il avait. Alors il s’avança vers elle.

— T’as envie de voler, pas vrai ? demanda-t-il en posant sa main sur une de ses ailes.

Il ne savait pas depuis quand elle n’avait pas volé – si elle avait même volé une fois dans sa courte vie –, mais elle était une dragonne. C’était dans sa nature. Et elle le savait. Elle regardait le ciel, étirait ses ailes, faisait des petits battements. Et Charlie restait là, à l’encourager silencieusement sans la presser.

Et puis soudain, sans avertissement, elle se donna un élan de ses quatre pattes puissantes et, avec un battement d’ailes qui échevela Charlie, se projeta dans le ciel. Ce n’était pas le vol le plus élégant qu’avait vu le jeune homme, mais il sentit sa gorge se serrer malgré le sourire qui lui barrait le visage. Il entendait Yolanda et Kash pousser des vivats, mais lui ne quittait pas Charlotte des yeux.

C’était comme si, avec le temps qu’il avait passé avec elle ces dernières semaines, il lui avait montré le chemin vers sa vraie nature.

 

Et elle, elle lui avait permis de découvrir une nature qui s’était toujours cachée en lui et qu’il avait hâte d’explorer.

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