La plage de l'opéra, les glaces italiennes et les bikinis dès le printemps....
Jade Stis, la seule non-mage de sa famille, vivait au rythme des vagues et des marrées sous le soleil de Nice. Durant la moitié de l'année, ses longs cheveux bruns ondulés étaient toujours abîmés par l'eau salée de la mer, devant régulièrement frotter ses yeux gris gênés par le sable fin.
Avec ce cadre de vie, difficile d'avoir le cafard. Elle était vendeuse de chaussures et son patron était particulièrement barbant. Son appartement ne faisait même pas vingt mètres carrés, et pour couronner le tout, la propriétaire menaçait de vendre l'immeuble à un riche homme d'affaires!
Mais ne vous y trompez pas, tout cela lui passais au dessus de la tête. Car en ce mois de Mai, elle profitait du début de la saison estivale pour se glisser dans les marchés de nuits et dessiner le portrait des touristes sous un ciel étoilé. Le dessin au fusain était l'une de ses passions. Et en plus, cela payait quelques factures qu'elle laissait trainer dans ses tiroirs. Jade prenait toujours les choses avec légèreté, elle était dans l'acceptation de ce qu'elle avait perdue...
En effet, après avoir vécue à Londres durant plusieurs générations, la famille Stis avait subitement migré en région niçoise. Ce n'étais pas juste pour être au soleil ô ça non, ni pour apprendre une nouvelle langue. En réalité, ils avaient pris la poudre d'escampette. La fuite avait été leurs seule chance de survie. Ils avaient pliés leurs bagages pendant ce rude hiver 1974. À cette époque, des choses étranges se produisaient dans le monde des sorciers...Des gens commençaient à disparaitre de façon mystérieuse, la première guerre pointait le bout son nez. Des ténèbres étaient froids et sans pitié.
Au moment des faits, Jade n'était qu'une fillette. Elle savait à peine prononcer ses premiers mots. Les souvenirs de son déménagement étaient floue dans sa tête, se souvenant seulement d'avoir piqué des crises impossible à gérer dans ce bateau vers la France.
Les premiers mois de son arrivée, elle avait compris que s'en était fini, l'époque des chocogrenouilles et des balades en balais volant. Car depuis lors, il n'était plus question de se mêler au monde des sorciers. Le sujet était défendu. Même du haut de ses vingt-neuf ans, elle n'osait questionner ses parents, Bertrand et Rita, de façon plus insistante. Ils avaient une vie à la moldu, faisant comme si Vous-Savez-Qui n'avait jamais existé. En ce qui concernait Londres, ses parents lui avaient toujours strictement interdite d'y retourner, cette ville évoquait en eux bien trop de souvenirs sordides.
Sa mère était plutôt rondelette aux joues rosies. Elle avait rapidement trouvée un travail en tant que technicienne de surfaces. Mais elle devint par la suite une célèbre pâtissière. Créé des œuvres d'arts sucrées était son rêve d'enfance mais en l'absence d'un diplôme moldu, personne retenait ses candidatures. Jusqu'au jour où elle participa à une compétition télévisée qu'elle gagna haut la main, sans avoir eu besoins d'une once de magie.Depuis ce jour, la mère de famille vivait sa passion et partait régulièrement en voyages en quête de nouveaux arômes et de saveurs exotiques.
Quant à son père, c'était un fan de rock moldu au crâne chauve qui travaillait comme jardiner pour sa commune. Pendant ses études à Poudlard, il avait été le meilleur élève de Botanique, une matière à l'époque enseignée par Herbert Beery. Malgré ses facilités en la matière, il ne se servait de la magie que pour être mieux que tout ses collègues dépourvu de magie. Il aimait impressionner le Maire de la ville et recevoir des promotions à la noix.
D'un coup, la voix de sa mère, Rita, la fit sortir de ses pensées.
- Encore? Bertand! S'exaspérait-elle en pliant des draps sur la table du salon. Je m'en fiche du nombre de chèques-repas que tu gagnes par mois, tu abuses de l'inconscience des moldus et ça c'est mal,mal! Tu comprends ? Tu ne vas quand même pas me faire gober que des roses rouges poussent en une nuit! Tu leurs à jeté un sort, j'en met ma main au feu.
- La magie, ça se partage, affirma son mari avec un sourire au coin des lèvres. Tu vas encore dire que je compare ce qui n'est pas comparable, mais toi alors, quand t'invites tes copines à manger et que comme par magie, tout est près en trois minutes, sans parler de la vaisselle qui se range seule dans nos placards, de quoi pourrait-il bien s'agir ?
Rita arrêta subitement de plier ses draps, les sourcils froncé. Et Jade, qui était assise à côté son père, restait le nez dans son journal. Cette scène, c'était du vu et revu.
- Si ça te poses un soucis mon petit mari, la vaisselle, tu peux t'en charger. Elle t'attend avec grand plaisir!
Les deux époux se mirent à rire aux éclats. Comme tous les dimanches soirs, elle passait la soirée chez eux. Elle se demandait vraiment comme ils faisaient pour être toujours aussi heureux ensemble après autant d'années de mariage. Mais trêve de plaisanteries, son père avait l'air d'avoir une idée en tête.
- Ma fille chérie? On va vite faire des courses. Allumes le barbecue pour quand on rentre, ce soir on va se régaler! dit-il en allant mettre ses chaussures. Tu ne veux pas inviter ce charmant jeune homme avec qui tu étais l'autre fois?
- Papa, répondit Jade avec mépris, le charmant jeune homme comme tu dis empeste la chaussette sale. Je le tolére seulement pour le travail!
Ce n'étais pas croyable. C'est vrai que les sorciers se marient jeunes. Mais elle avait été élevée à la moldu. Avec d'autres normes... Comparé aux mages, les moldus n'avaient pas le même sens de l'engagement. Accablée, elle sortit dehors, alluma une cigarette et se coucha dans le hamac. Le soleil commençait se coucher, laissant un vaste ciel orangé épouser sa vue.
Mais elle n'était pas au bout de ses surprises aujourd'hui. En écrasent son mégot, elle vit une scène pour le moins intrigante traverser sa vue : Dans le ciel, elle croyait apercevoir une énorme ombre noire. Mais lorsqu'elle cligna des yeux, elle avait disparue. Jusqu'au moment où des hululements s'approchèrent de ses oreilles, sans en comprendre l'origine.
Soudain...Une chouette.
Une énorme chouette noire venait de se poser sur le portant du hamac. Haute comme une chaise, elle fixait la jeune femme d'un regard sévère, le bec pris par une enveloppe. Elle venait du monde magique, sans nulles doutes.
Étant coupé de ce monde depuis sa petite-enfance, c'était bien la première fois de sa vie qu'elle recevait une visite de cette nature. Cette lettre ne lui était certainement pas adressée. Devait-elle s'en saisir?
S'aventurant régulièrement dans le débarras de la maison, elle avait déjà lue des tonnes de bouquins parlant des volatiles magiques, mais elle n'avait jamais rien vue de tel.
Ces livres avaient appartenus à ses parents dû temps où ils étaient élève à Poudlard. Malheureusement, cette école n'était plus qu'un lointain souvenir pour eux. Elle les soupçonaient d'en avoir honte.
Après un temps d'hésitation, d'une main tremblante et avec toute la prudence dont elle était capable, elle ôta la lettre de son long bec et constata avec effroi que cette dernière lui était adressée.
À son plus grand étonnement, il n'y avait pas d'adresse, pas de timbre... Juste son prénom et son nom de famille. Le tout était scellé par de la cire rouge comme on le faisait d'antan. Après une rapide réflexion, elle en conclu que cela n'avait rien d'étonnant : les chouettes magiques ne cherchent pas des lieux, elles cherchent les personnes.
Aussitôt, et sans préavis, l'animal leva ses grandes ailes, prit son élan et s'envola dans le ciel. Laissant une sorte de courant d'air aussi puissant qu'une tornade d'arrière elle. À présent seule avec cette lettre entre ses mains, des larmes de crocodiles lui montèrent aux yeux. Une lettre. C'est ce qu'elle avait attendue pour ses onze ans, elle qui avait justement la chance d'habiter pas loin de l'école de sorcellerie Beauxbatons.Elle avait espéré recevoir une invitation écrite par la directrice, avec la liste de ses fournitures suivie par la date et l'heure de la rentrée scolaire, mais cette lettre tant attendue par tous enfants de sorciers n'arriva jamais.
Réalisant de cette façon qu'elle était cracmol, - C'est à dire incapable de faire de la magie- tous ses rêves et ses espérances étaient parties en fumée. Les portes du monde auquel elle désirait se rattacher, - son monde - , ne lui serait jamais accessible. À moins d'être accompagnée... Mais ses parents s'y refusaient. Tout au long de sa vie, Jade n'avait jamais démontré le moindre signe de magie. Mais contrairement aux autres familles magiques, ses parents en furent naturellement soulagé. Et pour cause, ils étaient encore hanté par le souvenir de la première guerre des sorciers : ces derniers considéraient la sorcellerie comme quelque chose de dangereux à éviter à tout pris. À l'exception bien entendu des sortilèges de tâches ménagères et autre petites fantaisies qu'ils aimaient s'accorder.
À l'inverse de ses parents, elle n'avait jamais cessée de s'intéresser au monde magique. Elle s'était instruite sur bon nombre de sujets, comme l'histoire de Poudlard, Les animaux fantastiques ou encore le quidditch à travers les âges. Elle avait même une fois lu un manuel poilu et monstrueux qui avait essayé de la mordre, mais il n'en restait pas moins son préféré! Parallèlement à cela, elle avait fait des études d'éducatrice spécialisé après ses rénovées. Mais malheureusement, dans cette ville en bord de plage, le secteur était plutôt bouché. C'était plutôt le domaine touristique qui était mis à l'honneur. Elle se contentait de son boulot tout pourris pour le moment.
Curieuse comme elle ne l'avait jamais été, elle ouvrit délicatement la lettre et commença sa lecture.
" Motif : offre d'emploi
Date : 5 mai 1999.
Rue des rats verts, N'777, Glasgow
La deuxième guerre des sorciers s'étant achevée depuis deux ans, L'Angleterre et l'Écosse se retrouvent dans une situation éducative délicate. En effet, les arrestations des mangemorts et anciens criminels de guerres en tous genres continuent et remplissent la prison d'Azkaban. Avec les perquisitions, nous avons retrouvé des enfants moldus.
Ces derniers ne se souviennent plus de leurs parents à la suite de sortilèges administré par les ravisseurs.
Également, des enfants issus mangemorts se retrouvent désormais sans parents pour cause de décès ou de placement en prison.
De ce fait , notre équipe est à la cherche d'un professionnel des moldus ayant des connaissances approfondies dans le domaine de l'éducation pour rejoindre l'orphelinat Phénix. Il va de soi que le personnel loge sur place toute l'année.
Vous avez été sélectionnée parmi les profils correspondants à notre recherche.
Si cette offre vous intéresse, veuillez me communiquer le numéro de votre cheminée ainsi qu'une heure et une date. Un entretien pour vous fournir plus d'informations sera alors prévu.
Aucun retard ne sera toléré lors du rendez-vous.
Severus Rogue, maître et professeur des potions, directeur de l'orphelinat du Phénix "
La lettre démunie de toutes formules de politesses la laissa un peu outrée mais elle aimait ça. Cela différait des formules de politesses passablement ennuyeuse. L'auteur avait l'air d'aimer aller droit du but, il n'y allait pas par quatre chemins.
Ce nom, " Rogue ", lui évoquait vaguement quelque chose. Elle avait déjà vue un article de presse le concernant, mais elle ne s'y étaient pas attardée. Son cœur battait à mille à l'heure, le fait d'être démunie pouvoirs magiques avait toujours été pour elle un handicap qui venait de se transformer en atout.
Le destin tournait enfin en sa faveur. Elle s'imaginait déjà revenir sur ses pas, rencontrer des sorciers que sa famille avait elle-même connue ou encore tout recommencer à zéro et y refaire sa vie. Mais il lui fallait réfléchir avec sagesse, peser le pour et le contre.