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News

HPF sur Ulule : dernière semaine !


Saviez-vous que HPF, c'est aussi une maison d'édition qui publie des romans de fantasy et SF ?

En ce moment, les Éditions HPF sont sur Ulule, la plateforme de financement participatif, pour le lancement de leur prochain roman, Protocole Deltachrone, par Vick Davenne.

Si un groupe d'adolescents qui s'entraident et apprennent les uns des autres pour lutter contre un système injuste et oppressif ça vous parle, si found family (famille choisie) est un de vos tropes préférés ou si vous aimez les scènes d'action sur fond de pouvoirs psychiques mega boostés, alors ce livre est pour vous !


Rendez-vous ici pour l'acheter !


En plus, vous pouvez aussi vous procurez nos autres livres en même temps, dont nos anthologies au sommaire desquelles figurent bon nombre d'auteurs et autrices d'HPFanfiction !
Et le top du top : vos achats permettent de financer l'association et donc d'assurer la pérennité du site !

Bonnes lectures !


De Les Éditions HPF le 17/03/2025 15:37


Nuit du 15 mars 2025


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 154e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Samedi 15 mars. de 20h à 1h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Équipe des Nuits le 01/03/2025 11:40


Nuit du 15 février 2025


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 152e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Samedi 15 février. Coups de cœur et coups de foudre seront mis à l’honneur durant cette nuit spéciale romance qui s’étendra de 17h à 2h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Équipe des Nuits le 22/01/2025 13:15


Nuitd du 17 janvier 2025


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 151e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 17 janvier. Vous tiendrez l’avenir au bout de votre plume tout au long de cette nuit spéciale astrologie de 20h à 1h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Equipe des Nuits le 11/01/2025 10:30


Nuit de Noël de décembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 150e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 13 décembre. Il s’agira d’une édition spéciale ‘Noël autour du monde’, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De L'Équipe des Nuits le 01/12/2024 21:51


Recrutement - Grand Ménage Orange


Appel à candidatures - Renfort sur le Grand Ménage Orange

Comme le titre de ce message l'indique, les modératrices sont en recherche (un peu) désespérée de plusieurs volontaires pour nous prêter main forte sur le GMO (pour rappel : lecture et vérification des fics des adhérents qui ne sont pas passées par la modération manuelle sur la période 2020-2024).

Au stade actuel, nous avons vérifié environ 970 chapitres sur 4800, soit près de 21 % du total, pour un GMO lancé en mars 2024... En raison de nos contraintes personnelles, nos vies IRL, notre motivation souvent fluctuante et le fait que nous sommes peu nombreuses, nous voyons avec difficulté le bout du tunnel.



Nous aurions besoin donc de plusieurs volontaires (tout renfort est le bienvenu, donc on accueille toustes celleux qui le veulent bien !), pour la durée qui conviendra à chacun.e (si vous n'êtes disponibles que pour 1, 2 mois, aucun problème, et si vous êtes d'accord pour nous épauler plus longtemps, c'est parfait aussi !), à partir du 1er décembre.

 

Les candidatures sont ouvertes du 13 novembre au 30 novembre, et vous pouvez postuler ou demander de plus amples informations sur ce que serait votre mission en envoyant un MP sur le forum à l'une d'entre nous (Eanna, Violety ou PititeCitrouille).

Merci par avance à celleux qui se proposeront !

Les Modératrices d'HPFanfiction


De Equipe de Modération d'HPFanfiction le 13/11/2024 15:50


Mauvais Sang par Josy57

[5 Reviews]
Imprimante Chapitre ou Histoire
Table des matières

- Taille du texte +
Andromeda se tenait sur le palier, immobile et hésitante, une pile de draps pliés serrée contre sa poitrine. Par automatisme, ses pas l’avaient guidée vers la chambre de Dora, mais, cette année, ne vaudrait-il pas mieux dresser le lit d’Evelyn dans la chambre d’ami ? Elle inspira profondément et tourna les talons. Oui, c’est ce qu’elle allait faire. Les filles étaient grandes maintenant, il était normal que chacune ait son propre espace.

Elle lissait les plis du couvre-lit du plat de la main lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir dans son dos.

- On reçoit de la visite ? demanda Ted, l’air circonspect.

Elle se redressa.

- Tu sais bien qu’Evelyn arrive ce soir.

- Ah, oui, Evie. Mais pourquoi tu t’embêtes à faire son lit ici ? Elle dort toujours avec Dora.

Andromeda baissa les yeux en direction du lit, comme pour y chercher un dernier pli à faire disparaître. C’était bien Ted, ça. Gentil, aimant, serviable, tendre, mais avec autant d’intuition qu’un gnome myope. Bien sûr qu’elle aurait pu, comme tous les ans, se contenter de lancer un sort d’étirement sur le matelas de Dora. Mais n’avait-il vraiment rien deviné ? Ne voyait-il pas que la relation entre les deux amies de toujours avait évolué ? Il était possible, évidemment, que ce soit Andromeda qui se fasse des idées mais, tout de même, il y avait des signes qui ne trompaient pas.

Cela faisait des années que Dora ne parlait que d’Evie par-ci et Evie par-là. C’était compréhensible : les amitiés entre filles, c’est souvent fusionnel. Du moins, c’est ainsi qu’elle se l’était un temps expliqué. Mais, depuis l’été, depuis que sa fille avait quitté Poudlard, elle avait remarqué la fébrilité de Dora et le balai constant des hiboux à sa fenêtre. Elle vivait mal la séparation. Et, si Andromeda avait pu mettre la main sur une de ces lettres, elle était certaine qu’elle n’y aurait pas trouvé qu’une chaste amitié. Il allait sans dire qu’elle n’aurait jamais osé trahir ainsi la confiance de sa fille. Elle savait, mieux que quiconque, combien il est précieux d’avoir un jardin secret, surtout à cet âge, où on décide qui l’on est et quelle distance on veut mettre entre soi et ses parents. Si elle essayait de resserrer son étreinte, son emprise sur Dora, elle ne ferait que nourrir son désir de fuite. Ses propres parents avaient serré si fort qu’ils avaient étouffé leurs trois filles. Andromeda avait coupé les ponts mais elle n’était pas la seule qu’ils avaient perdue. Bellatrix, elle aussi, à sa manière, leur avait échappée. Et Narcissa. Était-elle heureuse, la petite Cissy, avec leurs mains encore si fermement lacées autour de son cou ?

Andromeda ne commettrait pas la même erreur. Elle aimait Nymphadora plus que tout. Sa fille, sa brillante, son étonnante fille, à qui elle avait légué son tempérament passionné, parfois un peu trop volatile. Sa fille dont le nez se fronçait lorsqu’elle riait. Et elle riait souvent, bien plus qu’Andromeda durant toute sa jeunesse. Sa fille qui avait l’entêtement des Blacks et la bonté des Tonks, qui voulait se battre pour la justice et pour le bien, qui aimait si intensément. Si elle aimait Evelyn, eh bien, Andromeda se ferait à l’idée. Et, après tout, songea Andromeda avec un sourire, ce n’était pas elle qui aurait dû s’inquiéter, mais plutôt les Webster-Kaur. Dès les prémices de leur amitié, il avait été évident que c’était Dora, la mauvaise influence. Andromeda se souviendrait longtemps de la première fois que sa fille avait été invitée chez les parents moldus de sa meilleure amie. Eux qui n’avaient appris l’existence du monde magique qu’un an auparavant, qu’avaient-ils dû penser, les pauvres, lorsqu’ils avaient vu débarquer cette petite sorcière aux cheveux fuchsia qui faisait des grimaces pour effrayer le chien, ses dents allongées en d’immenses crocs ?

- Tu m’as l’air bien songeuse. C’est le déménagement des filles qui t’inquiète ?

Elle haussa les épaules en guise de réponse. Ça et tant d’autres choses. Ted s’assit et tapota le lit pour inviter sa femme à le rejoindre. Elle jeta un coup d’œil nerveux aux plis qu’il venait de faire réapparaître, mais se laissa entraîner par la main qu’il tendait vers elle.

- Tu sais, elle ne le montre pas mais, elle aussi, derrière son enthousiasme, elle appréhende.

Andromeda hocha la tête. Quelles que soient les craintes et angoisses qui lui pesaient, Dora ne leur en parlerait pas. Elle ne voulait pas avoir l’air de douter, de peur de leur donner raison. Voilà ce que leur réticence leur avait coûté. Ted posa sa main sur la sienne et ils restèrent ainsi un moment, en silence. Puis, il se leva et, d’un ton bien plus léger, annonça avant de quitter la pièce :

- Ah, au fait, Madeline m’a prévenu que la dernière visite de l’après-midi avait été reculée d’une heure. Les filles risquent d’arriver un peu tard.

Madeline, la mère d’Evie, avait offert d’accompagner Dora et son amie dans leurs recherches de logement. Andromeda avait au départ voulu insister pour se partager la tâche mais Ted lui avait expliqué que, loin d’alléger sa charge, cela pourrait au contraire la blesser. « L’inscription à la formation d’auror, les fournitures magiques, tout ça, ça appartient à un monde qui n’est pas le leur. Ils font de leur mieux pour aider leur fille, mais ils ont bien conscience de ne pas comprendre tous les tenants et les aboutissants de la nouvelle vie qu’elle est en train de se bâtir. Ils ont besoin de se sentir utiles. La visite d’appartement, c’est la partie du processus dont Madeline peut se charger. Si j’étais toi, je ne la lui disputerais pas. Et puis, ne t’inquiète pas, elle ne signera rien sans nous consulter. » Si Ted ne voyait parfois pas plus loin que le bout de son nez, sur certains sujets, Andromeda avait bien besoin de ses lumières.

Elle aurait pu confier ses suspicions à son mari, attirer son attention sur la façon dont les deux jeunes filles s’étaient tenu la main pendant toute la randonnée qu’ils avaient fait tous les quatre à Pâques, sur le rose qui montait aux joues de Dora dès que le nom de son amie était mentionnée, sur la somme astronomique qu’elle avait insisté pour débourser lorsqu’elle avait choisi le cadeau de Noël qu’elle s’apprêtait à offrir à Evie. Mais Andromeda tenait sa langue. Elle n’était pas sûre qu’il soit avisé d’en parler avec Ted avant que Nymphadora elle-même fasse un pas vers eux à ce sujet. C’était une question de respect. C’était aussi, si elle était honnête avec elle-même, une question d’appréhension. Elle n’était pas certaine de la façon dont il réagirait. Merlin savait qu’il avait bon cœur. Mais la société moldue dans laquelle il avait été élevée regardait les relations homosexuelles d’un œil encore moins charitable que le gouvernement sorcier. Cela faisait à peine une vingt d’années que ce n’était plus un crime.* Bien sûr que, quelques soient les mots qu’il avait entendus en grandissant, Ted ne renierait jamais sa fille. Son amour pour elle était inconditionnel depuis le premier jour. Andromeda n’en craignait pas moins ce qu’il pourrait dire sous le coup de la surprise, ce qu’elle pourrait lire dans ses yeux dans la fraction de seconde avant qu’il n’accroche à ses lèvres le sourire nonchalant qu’il ne manquerait pas d’arborer. Peut-être aussi qu’elle craignait d’avoir à faire face à sa propre ambivalence en en parlant de vive voix. Son éducation à elle aussi jouait contre elle. Néanmoins, il n’y avait aucun dégoût dans son cœur à l’idée que Dora soit éprise d’une autre fille, surtout une qui, au fil des années, s’était déjà creusé une place dans leur famille. Mais elle ne pouvait ignorer le petit pincement au cœur qu’elle ressentait en songeant combien son parcours serait plus difficile.

Une petite voix, plus profonde, plus honteuse, lui souffla que cette vie, ce n’était pas seulement pour Dora qu’elle serait plus difficile, mais pour Ted et Andromeda également. Il faudrait faire sans petits-enfants et sans mariage. Il faudrait répondre aux questions de ses beaux-parents et du reste de la famille de Ted, de leurs amis qui, au fur et à mesure qu’ils vieilliraient, s’étonneraient de ne pas voir les mêmes jalons égayer leurs existences. On leur enverrait des faire-part et des photos et il faudrait apprendre à sourire et féliciter sans amertume. Il faudrait ignorer les regards en coin, afficher un soutien sans faille pour faire taire tout commentaire avant même qu’il ne soit prononcé. Il faudrait renoncer à fréquenter ceux qui ne sauraient pas s’y faire. Andromeda savait le coût de cette politique de la terre brûlée. Elle-même avait fait un choix difficile. Un choix décevant aux yeux de ses parents. Un qui garantissait qu’elle n’aurait pas la vie qu’ils avaient imaginée pour elle. Elle y avait perdu beaucoup. Toute sa famille et bon nombre d’amis. Et pourtant, pour sa fille, elle recommencerait sans hésiter.

Andromeda soupira. Oui, elle serait prête à tout ça. La perdre, sa chère Dora, c’était impensable et elle savait qu’elle la perdrait si elle n’apprenait pas à ouvrir ses mains pour la laisser s’envoler. Elle le lui avait assez dit, durant toutes leurs conversations sur sa vocation d’auror. « Ce n’est peut-être pas la vie que tu te serais choisie, maman, mais c’est la mienne, c’est comme ça que j’entends la vivre, et toi et papa, vous n’y changerez rien. » Elle le leur avait répété sur tous les tons, de la colère à l’exaspération en passant par la douceur. Mais même susurrés à son oreille tout en la prenant dans ses bras, les mots n’en couvraient pas moins une menace. C’est ça ou rien. C’est moi, entière et sans concession, ou personne. Et Andromeda ne pouvait qu’admirer cela chez sa fille, ce courage bravache, cette force inflexible. Elle aurait aimé que ses parents puissent la voir, sa Nymphadora. S’ils l’avaient trouvée intenable, elle, ils auraient fait une syncope devant le fruit de leur sang, si indignement dilué, leur petite fille renégate, si fière, si libre.

Andromeda se retourna et, d’un coup de baguette, replia couvre-lit, couverture, draps et housse de matelas. La pile la suivit, flottant sagement derrière elle dans le couloir, en direction de la chambre de Nymphadora. Puisqu’Evie et Dora s’installeraient bientôt ensemble, il était ridicule de vouloir les séparer, de toute façon.


***



Andromeda venait à peine de glisser son marbré au four lorsqu’un bruit sourd retentit en provenance du salon, suivi d’éclats de rire et d’une cavalcade dans les escaliers. Elle passa la tête par l’embrasure de la porte pour échanger un regard avec Ted, installé sur le canapé avec un roman.

- Laisse-moi deviner : Evelyn et Dora sont arrivées ?

- À moins que ce soit un troupeau de gnous sauvages qui vient de traverser le salon, je crois bien que c’est là la conclusion qui s’impose.

- Maman, est-ce que tu sais où on a mis le tapis que j’ai acheté vendredi ?

Avec un dernier coup d’œil en direction du four, Andromeda sortit tout à fait de la cuisine et, lançant à son mari un roulement d’yeux typique de leur fille, vint se poster au pied de l’escalier. Nymphadora n’apprendrait décidément jamais à rejoindre la pièce où se trouvait son interlocuteur avant de s’adresser à lui plutôt que de crier à travers toute la maison à en faire trembler les cloisons. Ted était sans doute coupable d’avoir donné le mauvais exemple, avec sa manie de lui parler depuis le salon lorsqu’elle était dans la cuisine. Il aurait été impensable, au manoir Black, d’élever ainsi la voix de façon si vulgaire. Non pas qu’Andromeda ait le moindre regret de ce côté-là : une vie de vacarme vulgaire et joyeux vaudrait toujours mieux que l’élégante distinction de l’étouffoir auquel elle avait échappé.

- Non, c’est toi qui l’as rangé, ma chérie, mais pourquoi est-ce que tu as besoin d’un tapis alors qu’on s’apprête à passer à table ?

Andromeda n’était pas naïve, elle se doutait bien que les deux amies étaient impatientes de s’installer ensemble et passaient tout leur temps à rêver à leur futur nid douillet.

- Il faut que je le montre à Evie pour qu’on voit si ça va avec les sets de table qu’elle veut ramener !

Naturellement, l’idée d’assortir tous les éléments décoratifs de leur nouveau logement ne pouvait venir que d’Evelyn ; il suffisait de jeter un œil à l’actuelle chambre de Nymphadora pour s’en convaincre.

Andromeda se retourna vers Ted qui étouffait un rire. Il abaissa son livre et, avec une moue d’incrédulité, articula en silence

- Des sets de table ?

Elle haussa les épaules.

- Bientôt, elle voudra un de ces reposes-cuillères en céramique, chuchota-t-il, hilare.

- Elle pourra demander à ta mère, alors.

Ted posa une main sur son torse et afficha une mine outrée. Andromeda se mordit les lèvres pour ne pas éclater de rire, puis, elle se retourna vers l’escalier et haussa à nouveau le ton pour se faire entendre à l’étage.

- Écoute, on verra ça demain. Ton père l’a peut-être rangé dans la remise. Le repas est servi dans dix minutes !


***



- Madame ? Euh, pardon, Andromeda ? Je sais que vous avez déjà préparé le dîner, je suis désolée. Mais j’ai apporté ça. Vous pouvez le mettre au frais pour plus tard, ça se conserve bien.

Evelyn se tenait dans l’embrasure de la porte, semblant ne pas oser franchir le seuil de la cuisine. Andromeda tapota le comptoir à côté d’elle en lui adressant un sourire qu’elle espérait rassurant.

- Tu peux poser ça là. Hmmm, ça sent divinement bon ! Tu permets que je goûte ?

Evelyn hocha la tête et esquissa un sourire, ses dents d’une blancheur de perle contre sa peau brune. Andromeda sortit une cuillère du tiroir à sa droite et la plongea dans l’épais ragoût de lentilles. Dès qu’elle l’eut porté à sa bouche, elle sentit une chaleur réconfortante se diffuser en elle. Les arômes de coriandre et de cumin, l’acidulé de la tomate, la rondeur de la noix de coco. Andromeda aimait cuisiner mais elle n’était pas certaine d’avoir déjà produit un plat comme celui-ci, plein de tendresse, comme une étreinte bienveillante de l’intérieur. Le père d’Evie était peut-être moldu, mais il maîtrisait assurément une autre forme de magie.

- Hassan est vraiment un cuisinier hors-pair ! Il faudra que je lui demande sa recette un de ces jours.

- C’est bien la recette de dahl de mon père, mais c’est moi qui vous ai préparé celui-ci.

Après un bref silence, elle ajouta, les yeux baissés, craignant sans doute de paraître présomptueuse :

- Je pourrais vous apprendre, si vous voulez

- Avec plaisir ! Je mets ça de côté pour demain. Ce soir, j’ai préparé une tourte poulet-épinard. Je crains qu’elle fasse un peu pâle figure en comparaison, mais ça devrait tout du moins être comestible.

- Oh, ne t’inquiètes pas, on ne fera pas les fines bouches ! s’exclama Ted depuis le salon.

Une fois tout le monde installé et servi, Andromeda sentit l’anxiété sourde qui pesait sur elle s’apaiser quelque peu. Depuis la fin de sa scolarité à Poudlard, Dora s’était réinstallée chez eux, pas pour une poignée de semaines, comme lorsqu’elle rentrait le temps des vacances, mais pour plus de six mois, jusqu’à ce que sa formation d’auror débute, courant janvier. Ils n’avaient pas vécu ensemble si longtemps depuis ses onze ans et la lune de miel n’avait duré qu’un temps. Rapidement, les malentendus, les petites frustrations et les véritables disputes s’étaient multiplié. Plus une seule semaine ne se passait sans accrocs, sans cris et portes claquées. Il aurait été facile de dire que c’était simplement le sale caractère de Dora, la dernière ligne droite d’une crise d’adolescence dont Poudlard leur avait épargné le pire durant des années. C’était un facteur, bien sûr. Mais Andromeda sentait bien qu’elle aussi envenimait la situation. Sa fille et elle semblaient avoir oublié comment cohabiter. Elles vivaient à deux rythmes contraires et ne cessaient de s’entrechoquer dans leurs tentatives de contact. Andromeda toquait à la porte de Dora, le cœur plein d’affection et d’un désir de bien faire. Mais Dora était occupée et Andromeda, déçue, se sentait rejetée. Au lieu de faire demi-tour, elle insistait, elle posait des questions, alors même qu’elle entendait dans sa propre voix l’écho nasillard et intrusif de sa propre mère. Dora soupirait ou roulait des yeux et, soudain, le ton montait, partait dans les aigus et le combat s’engageait.

D’autres fois, c’était Dora qui venait trouver sa mère, pour lui raconter les nouvelles qu’elle venait de recevoir d’une ancienne camarade. Seulement, le plus souvent, Andromeda était déjà engagée dans une tâche qui accaparait son attention et Dora s’en allait, boudeuse, en déclarant que, si ses histoires ne l’intéressaient pas, elle n’avait qu’à le dire. Ou bien Andromeda répondait à ce qui avait tous les airs d’une question anodine et voyait la déception passer sur les traits de Dora, comme si celle-ci avait essayé de lui faire passer un message à demi-mots qu’elle avait échoué à comprendre.

Un jour, elle était redescendue au salon, furieuse et épuisée par une nouvelle dispute. Des larmes de frustration au bord des yeux, elle avait raconté à Ted le mauvais tour soudain qu’avait pris sa conversation avec Dora.

- Elle s’emporte vraiment pour rien. Elle devient complètement invivable ! Tout ce que j’ai dit c’est que ça ne servait à rien de paniquer et qu’il fallait qu’elle soit un peu patiente.

Ted hocha la tête, ses lèvres se tordant comme pour retenir une grimace.

- Quoi ?

- C’est vrai qu’elle surréagit, mais personne n’aime s’entendre dire ce qui équivaut à ‘qui vivra verra’.

Andromeda avait déjà entrouvert les lèvres pour protester. Elle se ravisa. Ted avait raison. D’une petite phrase innocente, elle avait balayé les inquiétudes de sa fille comme de simples broutilles. L’impatience est loin d’une vertu. Les mots étaient différents, mais c’était bien le refrain de Druella qu’elle s’était surprise à entonner. L’écho l’avait cueillie comme un uppercut dans le ventre, tous les muscles de son abdomen se contractant en un haut le cœur, un sanglot retenu.

- Eh, ce n’est rien, l’avait rassurée Ted en posant une main sur son épaule. Tu verras que dès ce soir, ce sera oublié.

Mais ce n’était pas rien. Si les paroles d’Andromeda lui avaient été dictées par la maladresse plutôt que la froideur, le résultat demeurait identique. Tous les chemins menaient au même gouffre.

Elle avait beau s’en vouloir après coup, se jurer de faire mieux la prochaine fois, les disputes continuaient de se multiplier. Et, au fil des incompréhensions et des conflits, la maison semblait avoir rétréci, l’air se faisant lourd et les refuges rares. À chaque heurt, Andromeda sentait ce vertige se refermer sur elle, cette vieille nausée familière, cette fatalité. Mais, à présent qu’Evelyn était là, l’atmosphère serait toute autre. D’une part, sa seule présence égayait l’humeur de Dora et, par elle, de toute la maisonnée. D’autre part, elle était elle-même si modérée et si douce qu’il devenait presque impossible d’élever la voix autour d’elle sans se sentir comme une brute. Et puis, surtout, elle servait d’écran : puisqu’elle était l’invitée, toutes les attentions se tournaient vers elles, la changeant en médiatrice des discussions entre Dora et ses parents. « Alors, les filles, enthousiastes ? Ça commence le 18, c’est ça ? » Parce qu’il est plus simple de poser les questions dont on connaît déjà les réponses. « Tes parents ne sont pas trop inquiets, de se retrouver bientôt avec le nid vide ? » Parce qu’il est plus simple de parler de la peur des autres. « Evelyn, Dora nous a dit que tu avais reçu une proposition du département de l’éducation et de l’enseignement. C’est une sacrée opportunité ! » Parce qu’il est plus simple d’aborder les sujets qui fâchent avec un garde-fou. Lorsque Nymphadora leur avait parlé de cette offre, faite à son amie, Ted avait eu le malheur de s’enthousiasmer et, avant même qu’il ne puisse comprendre son erreur, le visage de Dora s’était fermé.

- Oui, c’est génial, c’est merveilleux, sauf qu’elle n’ira pas ! Ce n’est pas ça qu’elle veut ! Ce qu’on veut, c’est être recrutées au bureau des aurors et ce courrier, ça n’y change rien !

- Je voulais juste dire que c’était flatteur, c’est tout.

Mais c’était peine perdue. Nymphadora avait attrapé sa veste et décrété qu’elle sortait prendre l’air.
Cette fois-ci, devant Evie, elle se contenta de jeter un regard noir à son père et de prendre une énorme bouchée de sa tourte, comme pour s’assurer qu’elle n’aurait pas l’occasion de lui dire le fond de sa pensée.

- Oui, répondit Evelyn avec un petit sourire presque gêné. C’est une offre très généreuse et c’est un domaine qui m’intéresse. Vraiment, ce serait un métier de rêve.

Elle marqua une pause.

- Seulement, ça n’est pas notre rêve.

Les deux filles ne se regardaient pas. Dora continuait de mâcher son bâillon alimentaire. Mais Andromeda était certaine que si Evie venait de poser ses couverts, c’était que la main qu’elle avait glissée sous la table était à présent sur la cuisse de Dora. Ted, lui, n’avait rien remarqué.

- À votre rêve, alors ! s’exclama-t-il en levant son verre.
Note de fin de chapitre :

*"Cela faisait à peine une vingtaine d'années que ce n'était pus un crime" -> Depuis le Sexual Offenses Act 1967 qui, en réalité, ne concerne que les relations entre hommes, l’homosexualité féminine n’étant pas explicitement criminalisée.
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