Le soleil matinal baignait Londres d'une lumière dorée, se reflétant sur les vitres des buildings et les toits en ardoise. Au cœur du Ministère de la Magie, l'effervescence habituelle régnait déjà. Des sorciers et sorcières, vêtus de robes impeccables, s'activaient dans les couloirs, échangeant des regards complices et des sourires polis. Certains chuchotaient en voyant passer un Auror reconnu, d'autres se hâtaient vers leur bureau, une pile de parchemins sous le bras.
Au sommet de cette ruche bourdonnante, dans un bureau spacieux et lumineux, se trouvait Hermione Granger, la plus jeune Ministre de la Magie que la Grande-Bretagne ait jamais connue.
À vingt-sept ans, Hermione était une figure emblématique du monde sorcier. Ses cheveux bruns, autrefois indisciplinés, étaient maintenant soigneusement coiffés en un chignon élégant. Derrière ses lunettes rondes, ses yeux noisette, habituellement pétillants de curiosité, étaient assombris par la fatigue. La pression constante de son poste, les décisions difficiles qu'elle devait prendre chaque jour, et les attentes du public pesaient lourdement sur ses épaules.
Un portrait animé de Grogan Stump, un ancien Ministre à la barbe fleurie, lui adressa un clin d'œil enjoué depuis le mur. "Courage, ma chère, le monde sorcier ne s'est pas construit en un jour !" lança-t-il d'une voix enjouée.
Hermione lui offrit un sourire las. "Si seulement c'était aussi simple, Grogan," murmura-t-elle, repoussant une mèche rebelle derrière son oreille.
Un léger coup à la porte la tira de ses réflexions.
"Entrez", dit-elle d'une voix claire, tentant de chasser la fatigue de son visage.
La porte s'ouvrit et Kingsley Shacklebolt, son prédécesseur et mentor, entra dans le bureau. Il lui adressa un sourire chaleureux, ses yeux plissés par l'affection qu'il lui portait.
"Hermione, ma chère, comment vas-tu ce matin ?"
"Un peu fatiguée, Kingsley, mais je tiens le coup", répondit Hermione avec un sourire un peu plus sincère cette fois.
Kingsley s'approcha de son bureau et posa une main réconfortante sur son épaule.
"Je sais que ce n'est pas facile, mais tu fais un travail remarquable. Le monde sorcier a de la chance de t'avoir."
Hermione leva les yeux vers lui, reconnaissante pour ses paroles encourageantes.
"Merci, Kingsley. J'essaie de faire de mon mieux."
"Je n'en doute pas un instant", dit-il avec conviction. "Mais n'oublie pas de prendre soin de toi aussi. Tu ne peux pas sauver le monde si tu t'épuises. Tu as besoin de voir autre chose que ce bureau."
Hermione hocha la tête, consciente de la sagesse de ses conseils. Elle se redressa sur sa chaise, essayant de paraître plus alerte.
"Je vais essayer", dit-elle. "Mais il y a tant à faire... Les négociations avec les gobelins sont au point mort, les tensions montent avec le Magenmagot, et j'ai une montagne de dossiers à traiter avant la fin de la journée."
Kingsley lui sourit gentiment.
"Je sais, ma chère. Mais souviens-toi, tu n'es pas seule. Nous sommes tous là pour te soutenir. Et si tu as besoin d'une pause, n'hésite pas à la prendre, tu peux déléguer certaines tâches. Un esprit reposé est un esprit plus efficace."
Il lui serra l'épaule une dernière fois avant de se diriger vers la porte.
"Bonne journée, Hermione."
"Merci, Kingsley. À toi aussi."
La porte se referma derrière lui, laissant Hermione seule dans son bureau. Elle soupira profondément, se sentant à la fois encouragée et accablée par la responsabilité qui pesait sur elle. Elle savait que le chemin serait long et difficile, mais elle était déterminée à mener à bien sa mission. Le monde sorcier comptait sur elle, et elle ne les décevrait pas.
Dans les bureaux animés de La Plume Magique , au milieu du brouhaha des machines à écrire enchantées et des conversations animées, Fleur Delacour se frayait un chemin avec une détermination tranquille. Le cliquetis des touches, le bruissement des parchemins et les éclats de rire occasionnels créaient une symphonie chaotique qui reflétait l'énergie vibrante de la rédaction.
Ses longs cheveux argentés, tressés avec soin, ondulaient derrière elle comme une cascade de soie. Ses yeux bleus perçants, héritage de sa lignée de Vélanes, brillaient d'une intelligence vive et d'une ambition inébranlable. Un collègue, passant près de son bureau, lui lança un sourire en coin. "Alors, Fleur, toujours à la poursuite de la grande Hermione Granger ?"
Fleur leva les yeux de ses notes, un sourire amusé étirant ses lèvres. "Toujours, Jean. Et je ne lâcherai pas l'affaire tant que je n'aurai pas cette interview."
"Bonne chance, alors ! Tu vas avoir besoin de toute ta magie pour convaincre la Ministre," répliqua Jean avec un clin d'œil avant de disparaître dans la foule.
À quelques jours de la trentaine, Fleur était une étoile montante du journalisme sorcier français. Son talent pour dénicher les histoires les plus captivantes et sa plume acérée lui avaient valu une réputation enviable. Elle avait couvert des sujets allant des scandales politiques aux exploits sportifs, mais son rêve ultime était de décrocher une interview exclusive avec Hermione Granger, la célèbre Ministre de la Magie britannique.
Ce matin-là, Fleur était penchée sur son bureau, les sourcils froncés en signe de concentration. Elle relisait attentivement ses notes, préparant minutieusement ses questions pour l'interview qu'elle espérait obtenir. Elle savait que convaincre Hermione ne serait pas facile. La Ministre était connue pour sa réticence à accorder des interviews personnelles, préférant se concentrer sur ses fonctions officielles.
Soudain, une idée lui traversa l'esprit. Elle se redressa sur sa chaise, un sourire malicieux éclairant son visage. Elle attrapa son téléphone portable et composa rapidement un SMS.
"Harry, C'est Fleur. J'ai besoin de ton aide pour quelque chose d'important..."
Quelques instants plus tard, le visage familier de Harry Potter apparut dans les flammes vertes de la cheminée du bureau de la Française. Il lui adressa un sourire amical, l'air légèrement surpris de la voir.
"Fleur ! Ça fait longtemps. Comment vas-tu ?"
"Je vais bien, Harry, merci. Et toi, comment va la famille ?"
"On se porte bien, merci. Alors, qu'est-ce qui te fait m'appeler si tôt le matin ? Tu as besoin d'un Auror pour une affaire urgente ?"
Fleur rit doucement. "Non, rien de tel, rassure-toi. J'essaie d'obtenir une interview exclusive avec Hermione Granger pour La Plume Magique . Je sais qu'elle est très occupée, mais je pense que ce serait une excellente opportunité pour elle de communiquer directement avec le public français et de partager sa vision pour l'avenir du monde sorcier."
Harry hocha la tête, comprenant son ambition.
"C'est un projet ambitieux, Fleur. Mais je sais que tu es capable de le réaliser. Hermione est une femme remarquable, et je suis sûr qu'elle a beaucoup de choses intéressantes à dire. Surtout si c'est pour le public français, elle est très attachée à l'entente entre nos deux pays."
Fleur sourit, encouragée par ses paroles.
"C'est ce que je pense aussi. Mais j'ai besoin de ton aide pour la convaincre. Tu es son meilleur ami, tu as de l'influence sur elle. Tu pourrais peut-être lui glisser un mot en ma faveur ? Juste lui dire que je suis sérieuse et que je ne cherche pas à faire du sensationnel, depuis le temps tu me connais bien, tu sais que je ne ferais rien pour lui nuire."
Harry hésita un instant, puis acquiesça.
"Bien sûr, Fleur, tu es autant mon amie qu’Hermione. Je vais voir ce que je peux faire. Mais je ne te promets rien. Tu connais Hermione, elle est très indépendante et elle n'aime pas qu'on lui force la main."
"Je comprends, Harry. Je te suis vraiment reconnaissante pour ton aide, quoi qu'il arrive."
Ils échangèrent encore quelques mots sur leurs vies respectives, partageant également de vieux souvenirs de la période de l’Ordre du Phénix, avant de mettre fin à la communication. Fleur se laissa retomber sur sa chaise, un mélange d'espoir et d'anxiété l'envahissant. Elle avait joué sa meilleure carte, mais le résultat final dépendait maintenant d'Hermione. Elle croisa les doigts, espérant que la Ministre accepterait sa demande.
Le lendemain matin, Hermione se trouvait dans son bureau, luttant contre une pile de dossiers qui semblait s'élever jusqu'au plafond. Un hibou hulula impatient devant la fenêtre, attendant qu'elle signe un décret urgent. Son assistante, une jeune sorcière nommée Penelope Deauclair, frappa à la porte.
"Ministre Granger, Harry Potter est là pour vous voir," annonça-t-elle d'une voix hésitante. "Il dit qu'il a quelque chose d'important à vous dire."
Hermione soupira, se frottant les tempes. "Bien sûr, Penelope, faites-le entrer. Et pourriez-vous me préparer un thé, s'il vous plaît ? J'en ai bien besoin."
Harry entra dans le bureau, un sourire en coin sur son visage. "Hermione, comment vas-tu ? Tu as l'air épuisée."
"Je vais bien, Harry, juste un peu débordée," répondit Hermione en lui faisant signe de s'asseoir. "Qu'est-ce qui t'amène ici si tôt ? Pas un nouveau complot de mangemorts, j'espère ?" Elle tenta une plaisanterie, mais sa voix était teintée de fatigue.
Harry s'installa dans le fauteuil en face d'elle, observant son amie avec une pointe d'inquiétude. "Non, rien de tel, rassure-toi. Je voulais te parler d'une demande un peu particulière. Tu te souviens de Fleur Delacour ?"
Hermione hocha la tête, un souvenir lointain du Tournoi des Trois Sorciers lui revenant en mémoire. "Bien sûr, la championne de Beauxbâtons qui nous a rejoint dans l’Ordre du Phénix pendant la guerre. Que devient-elle ?"
"Elle est journaliste maintenant, pour La Plume Magique . Et elle aimerait beaucoup t'interviewer."
Hermione fronça les sourcils. "Une interview ? Je n'ai vraiment pas le temps pour ça en ce moment, Harry. Tu le sais bien."
"Je sais, je sais," dit Harry en levant les mains en signe d'apaisement. "Mais écoute-moi, Fleur est une excellente journaliste, très professionnelle. Elle ne cherche pas à faire du sensationnel, elle veut juste donner une image positive de toi au public français. Et puis, tu sais combien l'entente entre nos deux pays est importante pour toi. Depuis le Tournoi, Fleur et moi n’avons jamais cessé de nous voir, elle est devenue une bonne amie donc s’il le faut je me porte garant pour elle."
Hermione réfléchit un instant, se rappelant la grâce et la détermination de Fleur lors du Tournoi, elle se rappela également de l’aide précieuse qu’elle leur a apportée après leur fuite du manoir Malefoy. Elle avait toujours admiré sa force et son indépendance. Et Harry avait raison, l'opinion du public français était cruciale pour maintenir de bonnes relations avec leur voisin.
"D'accord, Harry," finit-elle par dire. "Je vais lui accorder une interview, après tout je lui dois bien ça.” Elle toucha son bras droit où se trouvait toujours l’horrible marque laissée par Bellatrix Lestrange. Une ombre passa sur son visage, mais elle la chassa rapidement.
“Mais ça devra être bref et efficace. Je n'ai pas beaucoup de temps à lui consacrer."
Harry sourit, soulagé. "Merci, Hermione. Je savais que tu ferais le bon choix. Je vais lui transmettre la bonne nouvelle."
Il se leva pour partir, mais Hermione l'arrêta.
"Harry, attends une seconde. Dis à Fleur que je veux qu'elle vienne me voir ici, au Ministère. Je veux qu'elle voie comment je travaille, qu'elle comprenne les enjeux de mon poste. Je ne veux pas d'une interview superficielle, je veux qu'elle montre la réalité de ma vie de Ministre."
Harry acquiesça, impressionné par la détermination de son amie. "Bien sûr, Hermione. Je lui dirai. Et... prends soin de toi, d'accord ?"
Hermione lui offrit un sourire sincère. "Je vais essayer, Harry. Merci d'être passé."
Il lui adressa un dernier sourire avant de quitter le bureau. Hermione se replongea dans ses dossiers, un sentiment étrange l'envahissant. Elle était nerveuse à l'idée de cette interview, mais aussi curieuse de rencontrer à nouveau Fleur Delacour, cette femme qui avait marqué son adolescence. Elle espérait que cette rencontre serait l'occasion de montrer au monde sorcier une autre facette d'elle-même, au-delà de l'image de la Ministre parfaite et infatigable.