Le ronronnement continu des moteurs de l’avion emplissait l’espace, mais Fleur ne l’entendait presque pas. Assise près du hublot, elle fixait les nuages cotonneux qui s’étendaient à perte de vue. La lumière dorée du soleil couchant jouait sur son visage, mais elle n’en ressentait aucune chaleur.
Un mois s’était écoulé depuis la fin de la guerre. Un mois de silences étouffants et de nuits hantées par des souvenirs. Fleur aurait voulu rester enfermée dans Shell Cottage, à réparer petit à petit les morceaux brisés de sa vie. Mais elle n’avait pas ce luxe.
Dans ses mains reposait un carnet usé, sa couverture de cuir marquée par le temps. Elle le tenait comme une relique sacrée, mais elle n’avait pas encore eu le courage de l’ouvrir. Ce carnet contenait des fragments d’Hermione : des notes, des pensées griffonnées à la hâte, des éclats de son esprit brillant. Chaque page représentait un pont vers un passé qu’elle redoutait de revisiter.
Ses doigts glissèrent sur le cuir, hésitants, tandis que son esprit la ramenait un mois en arrière, à leur dernière conversation. Hermione, fatiguée mais toujours aussi déterminée, avait attrapé sa main avec une urgence qui lui avait coupé le souffle.
« Fleur… » La voix d’Hermione résonnait dans sa mémoire, claire et vive malgré la distance. « Si quelque chose m’arrive… promets-moi de les retrouver. Mes parents. Ils sont en Australie. Ils doivent savoir… tout. »
Fleur avait protesté, bien sûr. Elle n’avait pas voulu envisager l’éventualité que quelque chose arrive à Hermione. Mais Hermione, fidèle à elle-même, n’avait pas laissé place à l’incertitude. Elle avait déjà pris sa décision, préparé ses adieux d’une manière que Fleur n’avait pas pu contester.
Un frisson parcourut Fleur alors qu’elle serrait le carnet contre elle, ses yeux brillant d’une tristesse qu’elle ne laissait jamais transparaître devant les autres. Ce n’était pas seulement une promesse qu’elle s’apprêtait à tenir. C’était un dernier acte d’amour, un hommage à la femme qui avait changé sa vie d’une manière qu’elle n’aurait jamais cru possible.
Un steward passa dans l’allée, interrompant le fil de ses pensées. Il lui adressa un sourire professionnel, mais Fleur secoua doucement la tête pour refuser la collation qu’il lui proposait.
Elle ajusta sa veste et sortit un vieux walkman usé de son sac. Les écouteurs crépitèrent légèrement lorsqu’elle les mit en place, mais dès que la musique commença, Fleur sentit une étrange paix s’installer.
Dernière danse de Kyo résonnait dans ses oreilles, chaque mot et chaque note vibrant en écho à sa vie en cet instant. La voix du chanteur semblait murmurer ses propres émotions, mettant des mots sur ce qu’elle n’osait pas dire. Elle ferma les yeux, se laissant emporter par la mélodie, les paroles ravivant à la fois sa douleur et ses souvenirs.
J'ai longtemps parcouru son corps
Effleuré cent fois son visage
J'ai trouvé de l'or et même quelques étoiles
En essuyant ses larmes
J'ai appris par cœur la pureté de ses formes
Parfois, je les dessine encore
Elle fait partie de moi
Le vent soufflait fort cette nuit-là, hurlant autour de Shell Cottage comme si le monde tout entier se préparait à un bouleversement. Fleur était assise sur le rebord du lit, les jambes croisées, fixant la mer agitée au-delà de la fenêtre. Chaque éclat de lumière lunaire semblait souligner la lourdeur de l’atmosphère. Une sensation d’inéluctabilité, de fin imminente, flottait dans l’air.
Un grincement de porte brisa le silence. Fleur se retourna, les mains serrées contre ses genoux, pour voir Hermione qui entrait dans la chambre. Ses traits étaient tirés par l’inquiétude, mais ses yeux brillaient d’une intensité douce et insaisissable.
« Tu es là, » murmura Fleur, se levant instinctivement.
Hermione ferma la porte derrière elle, et il y eut un moment de silence entre elles. Puis, sans un mot de plus, elle s’approcha lentement, comme si chaque pas était un poids qu’elle portait avec elle. Ses bras se refermèrent autour de Fleur sans hésitation, une étreinte frémissante, comme si elle cherchait à s’ancrer dans cette chaleur, à éviter de se perdre.
Fleur ressentit le même besoin. Les bras d’Hermione autour d’elle étaient comme un ancrage, et le doux parfum de ses cheveux se mêlait à l’air de la mer. C’était une promesse non dite, un adieu silencieux qui ne faisait qu’enflammer davantage la tendresse qu’elles partageaient.
Les mains d’Hermione glissèrent sur le dos de Fleur, effleurant sa peau sous son chemisier, cherchant une connexion, comme si elle avait peur de l'oublier. Fleur frissonna sous ce contact, sa respiration se coupant un instant.
Elles s’approchèrent encore, leurs visages à peine séparés, et Hermione se mordilla la lèvre inférieure avant de poser une main tremblante sur le visage de Fleur. Leurs yeux se croisèrent, et pendant un instant, le monde autour d’elles sembla se dissoudre.
« Je ne veux pas partir mais je dois continuer, » murmura Hermione, sa voix douce, brisée par une émotion qu’elle n’avait pas su cacher.
Fleur, incapable de répondre par des mots, se pencha lentement vers elle. Leur baiser, au départ timide, se transforma rapidement en quelque chose de plus urgent, comme si la chaleur de leurs corps pouvait compenser toutes les peurs et toutes les questions qui les assiégeaient.
Leurs mains se cherchaient et se retrouvaient, parcourant les courbes, découvrant la douceur de la peau, la chaleur du corps de l’autre. Fleur effleura le col de la chemise d’Hermione, puis laissa ses doigts glisser le long de son bras, remontant jusqu’à la nuque. La peau d’Hermione était douce, mais sous ses gestes, il y avait une urgence.
Elles se déshabillèrent doucement, comme si le simple fait de se défaire de leurs vêtements allait les rendre plus légères, plus libres. Fleur observait chaque geste, chaque mouvement, chaque frisson qui parcourait le corps d’Hermione. Elle effleurait la peau d’Hermione avec une délicatesse infinie, traçant des lignes invisibles sur son corps, explorant son visage, ses bras, sa taille. Hermione se laissait faire, murmurant parfois, ses mains glissant contre le corps de Fleur avec la même intensité.
Il n’y avait pas de précipitation, seulement la lenteur de la nuit, de l’instant partagé entre elles, où chaque respiration devenait une promesse de souvenir. Leurs gestes étaient mesurés, conscients, comme si chaque frisson était un adieu qu’elles ne voulaient pas dire. Fleur se pencha alors, effleurant doucement le visage d’Hermione avec ses lèvres, se perdant dans la tendresse du moment.
Les minutes passaient, mais ni l’une ni l’autre ne souhaitaient qu’elles s’arrêtent. Fleur caressait les courbes de son corps, repoussant doucement les cheveux d’Hermione de son visage, ses mains cherchant à graver en elle chaque détail. Et chaque frisson qu’elle ressentait, chaque geste d’Hermione, était un souvenir qu’elle savait qu’elle garderait pour toujours, peu importe ce qui arriverait ensuite.
Je l'ai connue trop tôt, mais c'est pas de ma faute
La flèche a traversé ma peau
C'est une douleur qui se garde
Qui fait plus de bien que de mal
L’arrivée de Beauxbâtons à Poudlard avait été un spectacle inoubliable. Les élèves de l’école française, vêtus de leurs costumes élégants, montèrent les escaliers du château avec une grâce presque irréelle. Fleur, en tête de la procession, avait regardé autour d’elle, son cœur battant au rythme de l'excitation qui parcourait les murs de Poudlard. Le tournoi approchait, et chaque mouvement, chaque événement semblait s’imprégner de l'importance du moment.
Mais c’était son regard qui s’était arrêté sur Hermione Granger.
C’était la première fois qu’elle la voyait. Cette petite sorcière qui semblait si différente des autres. Pas dans sa tenue – Hermione n’avait pas les airs de grande dame des autres élèves, mais plutôt quelque chose de discret et d’intense. Elle était là, dans la foule, inconsciente de l'impact qu’elle avait sur Fleur.
Au moment où leurs yeux se croisèrent, quelque chose d’étrange s’alluma en elle. Comme si la flèche venait de la frapper en plein cœur. Fleur eut l’impression que le temps s’était suspendu, que l’air autour d’elle s’était épaissi, vibrant d’une énergie qu’elle n’avait jamais connue. Ce n'était pas une attirance simple, une curiosité passagère. C’était bien plus profond que cela, quelque chose qu’elle n’arrivait pas à comprendre mais qui la touchait profondément.
Fleur savait ce que c’était, ce qu’elle ressentait : c’était une connexion pure, un lien qui ne pouvait être expliqué par des mots, mais qui était aussi réel que l’air qu’elle respirait. C’était comme si elle avait toujours connu cette jeune sorcière, comme si elle avait fait partie d'elle depuis toujours. Mais en même temps, Fleur savait qu'elle ne pouvait pas s’y aventurer. Elle l’avait connue trop tôt.
Hermione était encore trop jeune, trop loin de ce que Fleur était, trop différente dans sa jeunesse et sa naïveté. Fleur aurait aimé pouvoir lui dire quelque chose, lui avouer ce qu'elle ressentait, mais une voix intérieure lui disait que ce n’était pas le moment, que ce lien n’était pas encore prêt à se manifester. Pas à cet instant. Pas dans cette vie.
Le regard d’Hermione avait croisé le sien, et Fleur avait vu dans ses yeux une lueur de curiosité, un éclat de reconnaissance, mais aussi une forme de retenue. Elles se comprenaient déjà, sans avoir échangé une seule parole. Fleur ne pouvait qu’accepter cette rencontre comme un signe, mais aussi comme un serment silencieux qu’elle ne pourrait pas rompre.
La douleur de cette reconnaissance, de cette connexion si forte et pourtant impossible, la traversa de part en part. C’était une douleur douce, presque agréable, comme une brûlure lente mais inévitable. La flèche avait traversé sa peau. Elle savait que ce sentiment allait la marquer pour toujours, qu’il serait à la fois une source de réconfort et de souffrance. Mais c’était une douleur qu’elle avait choisie, une douleur qui faisait plus de bien que de mal. C’était un sacrifice qu’elle était prête à faire, car elle savait que ce lien, même non partagé, resterait en elle comme un trésor secret.
Quand elle détourna les yeux, Hermione, elle, avait déjà disparu dans la foule, emportée par la curiosité et l'effervescence du moment. Fleur resta là, les mains serrées, les yeux fixés sur l’endroit où elle s'était trouvée quelques instants plus tôt. Elle sentait encore la chaleur de ce regard, l’écho de cette rencontre qui allait définir une partie de sa vie.
Mais je connais l'histoire,
il est déjà trop tard
Dans son regard,
on peut apercevoir qu'elle se prépare
Au long voyage
Le mariage de Remus et Tonks avait été un événement magique, une célébration d’amour et de résilience malgré les ténèbres qui planaient au-dessus du monde sorcier. La joie était palpable, les sourires rayonnaient sur les visages des invités, mais Fleur n’arrivait pas à se détacher de l’ombre qui la suivait partout.
Elle se tenait au fond de la salle, un verre de champagne à la main, mais son regard ne quittait pas Hermione. Hermione qui semblait, comme d’habitude, un peu à l’écart de la fête, trop concentrée sur ses pensées, son esprit déjà bien loin de ce mariage où la joie semblait irréelle. Fleur le savait. Elle le sentait dans la manière dont Hermione observait la scène, comme si elle anticipait déjà son départ, comme si ce moment de bonheur n’était qu’une illusion temporaire avant qu’ils ne se lancent à nouveau dans la guerre.
Hermione n’était plus la même depuis la fin de l’année scolaire et la bataille de la tour d’astronomie. Elle était plus silencieuse, plus distante, mais aussi plus déterminée. Fleur avait perçu cette décision dans ses yeux avant même qu’elle ne l’avoue à ses amis : elle partirait. Elle accompagnerait Harry et Ron dans leur quête, loin de tout ce qu’ils connaissaient, loin de ceux qui les aimaient.
Fleur la regardait, son cœur se serrant dans sa poitrine. Comment lui dire qu’elle ne pouvait pas la laisser partir sans elle ? Que ce voyage à travers les ténèbres, dans l’incertitude et la peur, la terrifiait à un point qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant ?
Elle se dirigea lentement vers Hermione, qui était au fond de la pièce, là où l’agitation était plus calme, un coin où l’on pouvait échapper à l’humanité bruyante qui envahissait la salle. Hermione était seule, et elle semblait, comme toujours, perdre ses pensées dans les ombres.
Fleur s’arrêta quelques pas derrière elle, la regardant sans un mot, sentant la chaleur du moment la traverser. Le monde semblait plus calme, plus silencieux autour d’elles, comme si tout se préparait pour un dernier échange, pour un adieu inévitable.
Hermione se tourna enfin, comme si elle avait senti la présence de Fleur derrière elle. Il n’y avait rien de spécial dans ce regard, rien d’exceptionnel, mais quelque chose s’y passa. Un échange silencieux. Fleur se doutait qu’Hermione savait déjà. Elle savait qu’elles n’avaient pas besoin de mots. Elle savait que ce moment était la fin de quelque chose. Fleur le sentait dans son cœur, dans cette boule de douleur qui se formait dans sa poitrine.
« Fleur… » commença Hermione, mais ses mots restèrent suspendus dans l’air. Ses yeux se firent fuyants, évitant le regard de Fleur. Elle savait ce qu’elle allait dire, mais elle n’avait pas le courage de l'exprimer.
Fleur s’avança d’un pas, s’arrêtant à peine à quelques centimètres d’elle. La proximité d’Hermione, son odeur douce, la chaleur de son corps, tout cela était devenu insupportable pour Fleur. Elle voulait lui dire, mais elle savait qu'elle ne pouvait pas. Elle savait que leur monde ne permettait pas cette déclaration, pas maintenant.
« Tu vas partir, » murmura Fleur, la voix serrée, sa main frémissante à l'idée de toucher celle d’Hermione, mais elle se retint. Elle devait rester distante, comme si leur séparation n'était pas une certitude. Comme si elle avait encore le temps de tout changer.
Hermione hocha la tête, mais ses yeux brillaient d’une douleur qu’elle n’essayait même pas de cacher. « Je… je dois. » Sa voix était ferme, mais il y avait quelque chose d’irrémédiable dans son regard, une tristesse qu’elle n’arrivait pas à dissimuler. « Je dois le faire, Fleur. C’est le seul moyen de l’arrêter. »
Fleur sentit une lourdeur dans son cœur, une douleur qu’elle n’avait jamais connue. Elle n’aurait jamais voulu que ce soit ainsi, mais elle comprenait. Elle comprenait d’autant plus que tout ce qu’Hermione voulait, c’était faire ce qui était juste. Elle voulait protéger ceux qu’elle aimait, même si cela signifiait se sacrifier. Fleur le savait.
Elle aurait voulu crier, lui dire de ne pas partir. Lui dire qu’elle avait besoin d’elle, qu’elle l’aimait, que le monde n’aurait plus de sens sans elle. Mais les mots se bloquaient dans sa gorge, comme une barrière invisible qu’elle ne pouvait franchir. Elle n’avait plus de place pour se dévoiler. Elle ne pouvait pas lui demander de faire le choix pour elle, pas maintenant. Pas à cet instant précis où l’avenir semblait si incertain.
« Je sais… » répondit Fleur, la voix brisée. Elle avait du mal à retenir les larmes, mais elle s’efforça de rester calme. « Je sais, Hermione. Mais… je te prie de revenir, un jour. »
Hermione lui sourit tristement, puis baissa les yeux. Elle se mordit la lèvre, comme si elle cherchait à retenir ses propres émotions. Puis, sans un mot de plus, elle se détourna, et Fleur se sentit étrangement vide, comme si toute la pièce s’était soudainement vidée de sa lumière. Hermione disparut dans la foule, et avec elle, l’espoir que tout pourrait changer.
Fleur resta là, les yeux fixés sur l’endroit où elle se trouvait, le cœur brisé par l’impossibilité de leurs sentiments. Elle savait qu’elles se retrouveraient peut-être, un jour, mais ce jour-là semblait bien loin.
Je peux mourir demain,
ça ne change rien.
J'ai reçu de ses mains
le bonheur ancré dans mon âme.
Le vent chaud d’Australie balayait les cheveux de Fleur alors qu’elle se tenait devant la porte des Granger. Son cœur battait furieusement dans sa poitrine. Cette maison, si banale dans une rue si ordinaire, contenait tout ce qui restait d’Hermione : ses parents. Fleur inspira profondément, sa baguette dans la poche, avant de frapper à la porte.
Quelques instants plus tard, un homme ouvrit, Dan Granger. Ses traits étaient accueillants, mais méfiants, comme si une étrangère en plein après-midi n’était pas un événement ordinaire.
« Oui ? Puis-je vous aider ? » demanda-t-il, le regard perçant.
Fleur esquissa un léger sourire, ses yeux brillants d’un éclat presque surnaturel. Elle parla doucement, sa voix mélodieuse, presque hypnotique, imprégnée d’une emprise naturelle qu’elle savait maîtriser parfaitement.
« Bonjour, Monsieur Granger. Je suis Fleur Delacour, une amie proche d’Hermione. Puis-je entrer ? J’ai des choses importantes à vous dire. »
Dan plissa les yeux, comme s’il hésitait un instant, mais la douce intensité du regard de Fleur balaya ses doutes. Il ouvrit la porte un peu plus grand.
« Bien sûr. Entrez. »
Jean Granger apparut dans le salon, attirée par les voix. Ses yeux se posèrent immédiatement sur Fleur. Elle ne semblait pas la reconnaître, mais son regard s’attarda sur elle, comme si elle savait que cette femme portait un poids immense.
« Qui êtes-vous ? » demanda Jean, sa voix prudente mais polie.
Fleur inclina légèrement la tête. « Je suis Fleur Delacour. J’étais très proche d’Hermione. Je suis ici pour vous rendre ce qu’elle vous a pris… et pour vous parler d’elle. »
Jean s’arrêta net, la confusion se peignant sur son visage. « Ce qu’elle nous a pris ? Qu’est-ce que vous voulez dire ? »
Dan la rejoignit, posant une main rassurante sur son épaule, mais son regard restait fixé sur Fleur, cherchant des réponses.
Fleur sortit lentement sa baguette et la posa sur ses genoux, une expression douce mais résolue sur le visage. « Elle vous aimait profondément. Assez pour vous protéger à tout prix. Hermione a utilisé un sort pour effacer vos souvenirs d’elle et vous envoyer ici, en sécurité, loin de la guerre. Mais aujourd’hui, je suis là pour les restaurer. Et pour vous dire… ce qui est arrivé ensuite. »
Les Granger échangèrent un regard troublé. Ils ne comprenaient pas tout, mais la sincérité dans la voix de Fleur les empêcha de protester.
« Faites-le, » dit Jean, sa voix légèrement tremblante.
Fleur leva doucement sa baguette, et une lumière dorée enveloppa les deux parents. Le salon fut empli d’un souffle de magie alors que les souvenirs d’Hermione leur revenaient : les lettres de Poudlard, ses récits de ses amis, ses visites pour Noël… Une avalanche d’images et d’émotions déferla sur eux, et ils restèrent un moment silencieux, abasourdis.
Jean fut la première à réagir. Les larmes montèrent immédiatement à ses yeux, et elle porta une main tremblante à sa bouche. « Hermione… Notre petite fille… Elle est une sorcière… »
Dan resta immobile, ses traits tendus. « Elle a fait ça pour nous protéger… Pour nous éloigner. Elle voulait qu’on vive. »
Fleur hocha la tête, les larmes montant dans ses propres yeux. « Oui. Elle vous aimait plus que tout. Mais elle savait que vous seriez en danger si vous restiez dans le monde sorcier. Elle a fait ce choix pour vous. »
Jean tourna soudain son regard humide vers Fleur. Une lumière d’intuition brillait dans ses yeux. « Et vous. Vous êtes… Vous êtes celle dont elle m’a parlé, n’est-ce pas ? Celle qu’elle aimait. »
Dan fronça les sourcils, surpris par cette déclaration. « Jean… de quoi tu parles ? »
Jean essuya ses larmes et se redressa légèrement. « Hermione m’a parlé de quelqu’un. Une femme qui lui faisait sentir des choses qu’elle n’avait jamais ressenties avant. Elle ne m’a pas donné de nom, mais c’était toi, n’est-ce pas ? »
Fleur détourna le regard, incapable de cacher ses propres émotions. Elle inspira profondément avant de répondre, sa voix tremblante : « Oui. Nous nous aimions. »
Le silence qui suivit était lourd, seulement interrompu par les sanglots de Jean. Dan prit sa femme dans ses bras, la berçant doucement, mais il garda ses yeux rivés sur Fleur, cherchant des réponses qu’elle n’avait pas encore données.
Finalement, Jean demanda d’une voix brisée : « Où est-elle ? Pourquoi n’est-elle pas avec vous ? »
Fleur sentit son cœur se briser une fois de plus. Elle serra les poings, cherchant la force qu’Hermione lui avait toujours inspirée.
« Hermione s’est sacrifiée pour sauver le monde. Elle a donné sa vie pour détruire Voldemort et les horcruxes. Elle savait que c’était le seul moyen de nous offrir à tous un futur. »
Jean éclata en sanglots, se blottissant contre Dan, qui serra les dents pour contenir ses propres larmes.
« Elle était si forte, » murmura Jean, entre deux sanglots.
Fleur attendit que le silence se calme avant de continuer, sa voix douce mais résolue. « Mais… elle a laissé quelque chose derrière elle. Quelque chose de précieux. »
Jean et Dan levèrent les yeux vers elle, confus. Fleur posa une main sur son ventre, ses larmes coulant silencieusement.
« Ce n’est pas de la magie ancienne, ni un sort complexe. Ce n’est rien de plus que la preuve de l’amour pur que nous partagions. Hermione et moi avons créé une vie ensemble. Une vie qui grandit maintenant en moi. »
Jean porta une main tremblante à son cœur. Dan sembla rester sans voix, incapable de comprendre pleinement ce qu’il venait d’entendre.
« Elle n’est pas vraiment partie, » continua Fleur, la voix pleine d’émotion. « Une partie d’elle continue de vivre. En moi. Et bientôt, en cet enfant. »
Jean se leva doucement, s’approchant de Fleur. Elle posa une main tremblante sur son épaule, puis l’attira dans une étreinte silencieuse. Dan les rejoignit, posant une main sur Fleur, et tous trois restèrent ainsi, unis par la douleur et l’amour.
Dans leur chagrin, une lumière fragile brillait : l’espoir que, malgré tout, une part d’Hermione continuerait de vivre.